La biomasse, c’est-à-dire l’ensemble des végétaux qui poussent et se décomposent à la surface de la Terre, est directement soumise, à la différence des minerais fossiles, aux retombées atmosphériques. Quand la biomasse est considérée comme une source d’énergie, elle devient un combustible de surface contaminé par les rejets radioactifs des activités humaines : essais nucléaires atmosphériques, rejets des industries nucléaires et des industries conventionnelles émettrices de radioactivité naturelle technologiquement renforcée (*).
En ces jours commémoratifs du 3ème désastre nucléaire subi par la Terre après Hiroshima et Nagasaki, il convient pour Robin des Bois de souligner les risques attachés à la manipulation et à la réutilisation non contrôlée des cendres de bois originaires des régions parfois éloignées de l’Ukraine et particulièrement touchées par les retombées de la catastrophe.
Quelques mois avant Tchernobyl, le combustible bois de 2 chaufferies suédoises a une teneur en césium 137 de 1 à 3 Bq/kg. Le 29 avril 1986, dans le même secteur, les branches de la cime des saules en contiennent 170 Bq/kg, 392 Bq/kg le 14 mai. Ce même jour, les feuilles ont une teneur de 1896 Bq/kg avant de redescendre à 651 le 29 mai, à 177 le 2 juin et à 25 le 2 juillet. Sous l’effet de la pluie et du vent, le césium de Tchernobyl rejoint les strates végétales inférieures et le sol. Il sera par la suite en partie remobilisé et réintroduit dans les arbres par le système radiculaire, avec une affinité particulière pour les écorces. Les cendres de bois de saule dans cette région du sud ouest de la Suède considérée comme faiblement ou très faiblement impactée par Tchernobyl ont une teneur en césium de 80 Bq/kg le 18 mars 1986 et de 280 Bq/kg 10 jours après Tchernobyl. Les impacts du stockage ou de la réutilisation des cendres de la combustion du bois sont dès lors considérés comme préoccupants par les universitaires et les autorités de tutelle. Dans ce domaine, un corpus réglementaire s’est progressivement mis en place en Suède et en Scandinavie. Les Etats-Unis où l’apport du césium de Tchernobyl est estimé à 5% du césium délivré par les essais nucléaires atmosphériques des décennies 1950-1960 appliquent eux aussi une réglementation proportionnelle à la contamination chimique et radioactive des cendres. Selon les modalités de combustion des bois, le facteur d’enrichissement des cendres par certains radioéléments naturels ou artificiel peut être de 40 à 200.
En France malgré des retombées significatives sur les Vosges, la Corse, le sud-est de la France et dans tout autre endroit qui ne serait pas encore découvert, et en dépit d’un développement et d’une promotion importante du bois-calorie, il n’y a à ce jour aucun dépistage préventif de la radioactivité naturelle et artificielle dans les cendres de bois, aucune information en direction des utilisateurs, et pas de frein au recyclage domestique, potager ou agricole des cendres des chaufferies individuelles ou collectives.
Il est aussi constaté grâce à des travaux réalisés en Norvège et sur le continent nord-américain que dans la filière bois, les papeteries et les rejets de papeterie peuvent être impactés par la radioactivité ; des tartres et dépôts à l’intérieur de certains accessoires et tuyauteries dépassent, tous radionucléides confondus, 1 million de Bq/kg.
(*) Pour en savoir plus sur les risques radiologiques des cendres de bois, de la tourbe, des cendres de charbon et sur la radioactivité naturelle technologiquement renforcée, consultez le dossier et les communiqués : ” La Radioactivité Naturelle Technologiquement Renforcée “, décembre 2005, ” La 3ème radioactivité “, 5 avril 2006, ” La filière bois-énergie menacée par la radioactivité “, 3 septembre 2003.
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