TK Bremen, communiqué n°1
En s’appuyant sur l’article R304-11 du Code des Ports Maritimes (1), la capitainerie du port de Lorient -Morbihan- aurait pu procéder à l’ajournement de départ du TK Bremen. En effet, ce navire vieux de 30 ans avait atteint l’âge de la démolition, présentait dans son récent cursus des déficiences nombreuses -l’absence de panneaux de cale sur toute la partie avant telle qu’elle est démontrée par les photos aériennes pourrait en être une de plus. Il avait été récemment détenu dans un port russe et son armateur turc, propriétaire de deux navires anciens, ne fournissait pas d’emblée toutes les garanties de fiabilité. Le profil du TK Bremen était tel que les responsables de la sécurité et du trafic du port de Lorient auraient dû, au vu des périls imminents qu’il s’apprêtait à affronter dans un environnement maritime dangereux et riche en cultures marines, interdire son départ.
S’il n’a pas été recouru au Code des Ports Maritimes, c’est par imprévoyance ou réticence à ne pas dégrader auprès des armateurs une image bien établie de port libéral où les réglementations sont observées à minima. Cette position n’est pas particulière au port de Lorient.
Quasiment pour la première fois depuis le Grenelle de la Mer et les appels vibrants des syndicats, ONG, élus et leaders politiques, un chantier de démolition de navire va sans doute s’ouvrir en Bretagne, à Erdeven, en lisière du cordon dunaire, à quelques mètres d’espèces végétales protégées et encablures d’exploitations conchylicoles. Cette opération impliquerait de nombreux aménagements logistiques, regroupements et stockages de matières dangereuses et trafics de matériaux. Cette opération provoquerait un piétinement et une perturbation de l’estran. Elle devra en même temps garantir aux ouvriers un niveau de protection satisfaisant vis-à-vis de l’amiante, des poussières toxiques et de tous les risques physiques déjà observés sur les chantiers asiatiques. En tout état de cause, le démantèlement complet du TK Bremen sur la plage d’Erdeven durerait environ 6 mois.
(1) Article R304-11 du Code des Ports Maritimes
I. – Les officiers de port, officiers de port adjoints, surveillants de port et auxiliaires de surveillance avisent par les voies les plus rapides l’autorité maritime chargée du contrôle ou de la sécurité des navires de tout fait dont ils ont connaissance, dans l’exercice de leurs fonctions, donnant à penser qu’un navire, bateau ou engin flottant ne peut prendre la mer sans danger pour lui-même, l’équipage, les passagers, la sécurité de la navigation, la santé ou l’environnement.
Les officiers de port, officiers de port adjoints et surveillants de port peuvent interdire le départ du navire, jusqu’à ce que l’autorité maritime ait déclaré le navire, bateau ou engin flottant en état de prendre la mer.
Addendum du 18 décembre 2011: Le port de Lorient a été transféré par l’Etat à la Région le 1er janvier 2007.
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