Une nouvelle fois, il n’a pas pu dire non à l’invitation d’un armateur à une croisière en milieu polaire. Michel Rocard, ambassadeur de France pour les pôles arctique et antarctique embarque le 4 septembre à Iqualit dans l’Arctique canadien pour 11 jours à bord du Boréal.
Ce voyage n’est pas sans risque pour les passagers et pour l’environnement. Il y a un an exactement dans les mêmes eaux, le Clipper Adventurer s’est échoué sur un récif (1). Les 197 passagers et membres de l’équipage ont dû attendre 48 heures sur le navire en détresse avant de commencer à être évacués. Les moyens d’assistance et de renflouement du Canada comme des autres Etats riverains de l’océan Glacial arctique sont déficients. L’armateur a attaqué en justice le gouvernement canadien pour erreur dans les relevés cartographiques. A ce jour, seulement 10% de l’océan Arctique est correctement cartographié.
Entre 1979 et 1988, 14 échouages de navires ont été répertoriés dans l’arctique canadien, 20 entre 1989 et 1998 et 27 entre 1999 et 2008, un développement des accidents en proportion avec le développement du trafic maritime de passagers et de marchandises. Ces mauvaises fortunes de mer sont responsables de nombreuses marées noires faute de moyens de lutte dans un milieu à la fois fragile et difficile d’accès. Si le Boréal était victime d’un tel incident, il pourrait compter sur la compréhension de la justice canadienne qui vient d’infliger une modeste amende de 15.000$ à l’armateur du Mokami pour avoir pollué à trois reprises en 2004 le port de Coral Harbour -Nunavut- durant des opérations de soutage.
Nul doute que Monsieur Rocard ne manquera pas à bord du Boréal de mettre l’accent sur les dangers du tourisme en Arctique lors des causeries qu’il pratique dans ce genre de circonstances. Par contre, il est beaucoup moins disert dans les rendez-vous stratégiques des Conventions internationales. L’ambassadeur de France est toujours absent dans les réunions préparatoires et les sessions plénières de la Convention OSPAR pour la protection de l’environnement marin de l’Atlantique du Nord-Est et de la Commission Baleinière Internationale, deux forums où les enjeux arctiques environnementaux sont autrement plus difficiles à défendre que dans les salons d’un paquebot. De même le groupe de travail arctique constitué à la suite du Grenelle de l’Environnement ne bénéficie jamais des éclairages de M. Rocard. Il est vrai qu’il ne s’est réuni que deux fois depuis 2007 (2).
(1) https://robindesbois.org/communiques/mer/fortune/2010/clipper_adventurer.html
(2) https://robindesbois.org/grenelle/grenelle_robin_des_bois.html
Pour en savoir plus sur le tourisme en Arctique (en anglais uniquement) : Voyage into the Arctic
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