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Le mardi 6 février 2024 à Marbehan (Belgique), suite au vol de cuivre dans 4 transformateurs appartenant à INFRABEL, exploitant du réseau ferroviaire en Belgique, 17.000 litres d’huiles contaminées aux PCB (PolyChloroBiphényles) ont été déversés dans la rivière Mellier affluent de la Rulle et sous-affluent de la Semois.
La Semois se jette dans la Meuse à Monthermé en France. La Semois et la Meuse hébergent en particulier des barbeaux, des anguilles, des carpes, des vairons et des tanches qui sont des espèces fortement bioaccumulatrices de PCB. Les poissons ne connaissent pas les frontières. Le franco-belge ne fait pas partie de leur code. Pour eux, la Meuse, la Semois et ses affluents sont un habitat continu.
© Robin des Bois
Les poissons ne sont pas les seules victimes de cette pollution. Les eaux de la Semois et du bassin de la Meuse sont utilisées pour l’arrosage des terrains agricoles et pour l’abreuvement des animaux d’élevage. A juste titre, certains éleveurs s’inquiètent de la contamination des bovins notamment dans les prairies inondables.
Le 15 février, le ministre wallon de la Pêche a interdit la pêche jusqu’au 1er juin dans la Mellier en aval de Marbehan, dans la Rulle et dans la Semois jusqu’à la frontière française alors que l’ouverture de la pêche était prévue le 2 mars.
Robin des Bois recommande au préfet des Ardennes de s’aligner à titre de précaution sur la décision des services wallons, et de repousser sine die l’ouverture de la pêche prévue pour le 9 mars.
Robin des Bois recommande aussi au préfet des Ardennes d’ordonner d’ici quelques mois en coopération avec l’ANSES, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et l’Agence Régionale de Santé (ARS) des prélèvements sur les poissons les plus exposés à l’imprégnation par les PCB. Selon les résultats de ces prélèvements, il pourrait s’avérer nécessaire d’interdire la pêche et la consommation de certaines espèces sur les sections les plus polluées des cours d’eau.
Robin des Bois demande aussi à Monsieur Béchu, ministre français de l’Ecologie, et à Monsieur Berville, secrétaire d’Etat à la Mer et à la Biodiversité, de saisir la Commission internationale de la Meuse qui regroupe les Gouvernements de la République fédérale d’Allemagne, de la Région flamande de Belgique, de la Région wallonne de Belgique, de la République française, du Grand-duché de Luxembourg et du Royaume des Pays-Bas. La catastrophe de Marbehan mérite en effet un suivi européen et coordonné.
Les PCB ont été massivement utilisés entre 1930 et 2000 notamment comme huile de refroidissement des transformateurs et condensateurs électriques. Ils sont connus en France sous le nom de pyralène ou askarel. Les PCB sont des Polluants Organiques Persistants (POP) bioaccumulables, toxiques et mobiles. Ils s’accumulent dans les chaînes alimentaires, se concentrent dans les graisses des animaux et des humains, ils migrent dans les laits maternels, retardent la croissance, abaissent les défenses immunitaires et diminuent les capacités d’apprentissage et de reproduction. Ils sont aujourd’hui interdits de production et d’utilisation dans le monde entier. Leur dispersion est aujourd’hui planétaire. Les anguilles qui vivent et se nourrissent dans la vase des rivières et des fleuves sont les plus contaminées. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande de limiter l’exposition des populations humaines et d’interdire la consommation de produits trop fortement contaminés. Les PCB sont classés cancérogènes possibles par le Centre International de Recherche sur le Cancer depuis 1987. En 1997, l’Agence de Protection de l’Environnement étasunienne a classé les PCB dans la catégorie des cancérogènes probables.
Publications de Robin des Bois:
Les communiqués et les dossiers de Robin des Bois au sujet des PCB sont disponibles sur https://robindesbois.org/category/balisage/pcb-dioxines-et-autres-persistants/
Le 7ème Atlas et cartographie des sites pollués aux PCB publié par Robin des Bois en avril 2013 (mise à jour avril 2016) est disponible sur https://robindesbois.org/atlas-des-sites-terrestres-pollues-aux-pcb-n7/
Mise à jour – 19 février 2024 : Robin des Bois a écrit au préfet des Ardennes, voir lettre en lien.
Mise à jour – 22 février 2024 : Le préfet des Ardennes a publié un premier arrêté portant interdiction de consommation de poissons pêchés dans la Semoy et dans la Meuse jusqu’au vendredi 15 mars 2024. L’arrêté est disponible ici.
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