Marseille: l’arsenic est dans le port
A Marseille, l’usine METALEUROP de l’Estaque a fabriqué jusqu’en février 2001 du trioxyde d’arsenic par grillage de déchets arséniés. Ce site industriel est installé sur des plates-formes superposées en terrain calcaire et fissuré, facilitant la migration des polluants à travers la falaise. L’impact de ces pollutions historiques doit être pris en compte dans le projet de remise en circulation d’eau du tunnel du Rove, visant à resaliniser l’étang de Berre. Le site des usines de Riaux, à l’Estaque, a aussi été exploité par ATOFINA. Le coût global de la dépollution des usines et du confinement sur site de 400.000 m3 de déchets était initialement estimé à 18,5 millions d’euros. Les travaux ont deux ans et demi de retard. Ils représentent pour METALEUROP, copropriétaire du site, un enjeu important si l’emprise peut faire l’objet d’une valorisation immobilière.
Des huîtres claires-obscures
Face à la marée noire du Prestige, les autorités sanitaires et vétérinaires mobilisables suite à la mise en alerte ou au déclenchement du plan Polmar sont quasi-muettes -InVS (Institut de Veille Sanitaire), AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), AFSSE (Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale)-.
Face au balayage du golfe de Gascogne par des hydrocarbures protéiformes allant de la “poussière” de fuel aux galettes, la biodisponibilité de la marée noire et sa capacité à contaminer la faune marine depuis les mollusques jusqu’aux mammifères marins n’est pratiquement pas abordée.
Indigestion de crise à Arcachon
Dans le courant porteur de décembre et des fêtes de fin d’année 2002, l’ostréiculture arcachonnaise se disait inaccessible aux résidus du Prestige.
Début janvier, après les arrivages sur toutes les plages extérieures et l’intrusion des hydrocarbures à l’intérieur du bassin, les producteurs d’huîtres et le préfet de Gironde ont évoqué l’excellence du pôle ostréicole et le total respect des consommateurs. L’interdiction de la mise sur le marché des huîtres et autres coquillages apparaissait à tous naturelle et inéluctable.
Une grosse tortue engluée dans le fuel
Depuis le 9 décembre 2002, les pouvoirs publics et les communes visées par la marée noire du Prestige se disent prêts et attendent “de pied ferme” les arrivages. En fait, après quelques rodomontades et démonstrations de la patrouille des chalutiers à fuel complètement inopérante sur des nappes fragmentées et indétectables, tous les échelons de la préparation à la lutte se sont engourdis pour les fêtes de fin d’année, rassurés par les ballottements des vents et les renverses de courants. Dans ce domaine, la coopération franco-espagnole fonctionne bien.
Les boulettes de Polmar
Sur le site internet du ministère de l’Ecologie, tout est net depuis le 17 décembre. Sur le terrain, tout est vague face à la menace des résidus du Prestige, à court et à long terme. Les côtes espagnoles voisines, en Pays Basque et dans les Asturies, luttent contre l’invasion des boulettes et des galettes rejetées sur les rochers, les plages et les hauts de plages au gré des marées. Les boulettes s’infiltrent et s’enfoncent. La récupération est laborieuse, parfois réalisée par tamisage avec les moyens du bord. En France, dans la continuité du littoral, aucune benne n’est prépositionnée en haut de plage, un seul site de regroupement des déchets est en cours de construction, à Mouguerre près de Bayonne. Il est implanté à deux mètres d’un pipeline d’hydrocarbures, et bordé par deux fossés de collecte qui se jettent dans l’Adour. A quelques kilomètres, sur le port de Bayonne, les déchets-ventouse de la marée noire du Capetan Tsanniz attendent depuis cinq ans un traitement hypothétique sous des bâches arrachées.
Déchets sans frontières
La Corogne
Trois ans après le naufrage de l’Erika, l’Europe et ses Etats-membres n’ont toujours pas de plan de gestion des conséquences à terre des catastrophes maritimes. Comme la France en 1999, l’Espagne face à la marée noire du Prestige improvise depuis plusieurs semaines, se reposant sur les autorités de Galice, les pêcheurs et la population. Les déchets collectés en mer et sur le littoral sont rassemblés dans tous les contenants possibles : bennes, bacs à ordures, fûts, seaux, sacs plastiques, big-bags. Les sites de stockages intermédiaires et lourds n’ont pas été présélectionnés et préparés. Les filières de traitement fiables et non-polluantes sont encore à découvrir. Les Galiciens et les Basques évitent cependant de décaper les plages au bulldozer et tamisent pour séparer le fuel du sable, ce qui contribue à limiter le volume de déchets et l’érosion du trait de côte.
Erika / Prestige : les causes, les effets, les leçons
A la suite de la conférence de presse qui s’est tenue le 16 décembre 2002 dans les locaux de l’association Robin des Bois, à laquelle participaient: les Amis de la Terre, Le Collectif Anti-Marées Noires de Saint-Nazaire, France Nature Environnement, Greenpeace, Keep it Blue, Robin des Bois et Surfrider Foundation Europe, nous vous prions de trouver ci-joint un compte rendu des interventions des associations présentes.
Robin des Bois
Robin des Bois demande que soit dressée le long de la façade atlantique une liste de ports-refuges et baies afin que tout navire de transport de matières dangereuses en avarie puisse être mis en sécurité. Robin des Bois constate qu’une petite corporation de récupérateurs de bateaux sous-normes pollue le milieu maritime. Ainsi, Gerry Ventouris, Directeur d’Agean Shipping Management dans le port du Pirée est connu de Robin des Bois depuis 1999. Il a alors acheté l’ex-Kifangondo rebaptisé Tango-D. Il est aujourd’hui propriétaire du Byzantio, un pétrolier âgé de plus de 25 ans comme le Prestige. Il fait profession de racheter des bateaux endommagés ou considérés comme perte totale avant de les gérer pour son propre compte ou pour le compte de ses sociétés filiales, il lui arrive aussi de les revendre. Ce genre de pratique doit être interdite pour les citoyens européens. Robin des Bois demande la sortie de flotte immédiate de tous les pétroliers âgés de plus de 25 ans et la mise en oeuvre d’un chantier naval de dépollution, déconstruction et recyclage des navires en Europe du Nord. L’absence de ce type d’installation facilite la fuite des bateaux poubelles vers l’océan indien et l’Asie. D’autre part, en matière de sécurité, les risques de sur-accidents maritimes sur les autoroutes maritimes sont comparables aux risques de sur-accidents sur les autoroutes routières. Enfin, Robin des Bois note que dans un deuxième temps, la collecte des déchets sur les plages ou sur le littoral en Galice s’améliore, avec cependant beaucoup d’hétérogénéité. Des problèmes sont apparus: les stockages intermédiaires, le transport par camion et les sites lourds.
Erika / Prestige : les causes, les effets, les leçons
A la suite de la conférence de presse qui s’est tenue le 16 décembre 2002 dans les locaux de l’association Robin des Bois, à laquelle participaient: les Amis de la Terre, Le Collectif Anti-Marées Noires de Saint-Nazaire, France Nature Environnement, Greenpeace, Keep it Blue, Robin des Bois et Surfrider Foundation Europe, nous vous prions de trouver ci-joint un compte rendu des interventions des associations présentes.
Les harpons du Prestige
Dans le Golfe de Gascogne vivent des dauphins communs, dauphins bleu et blanc, globicéphales noirs, marsouins, et autres espèces de mammifères marins protégés. Nageurs de surface et de pleine eau, les dauphins auront à connaître des nappes flottantes et des nappes immergées. Les exemples de l’Exxon Valdez et de l’Erika indiquent que les baleines et les dauphins fuient les marées noires concentrées. Mais les fragmentations successives du fuel lourd du Prestige dans l’océan et dans le temps vont rendre beaucoup plus difficile la détection des nappes et des plaques par les mammifères marins. L’impact sur l’écosystème risque de diminuer leur disponibilité alimentaire. Colmatage des évents, intoxication par ingestion de poissons ou de macro-déchets pollués, perte de mobilité et irritation des yeux sont les effets immédiats à redouter.
Nouvelles fuites de l’Erika
L’acharnement de Total et de son sous-traitant Brézillon à expédier les résidus de la marée noire de l’Erika aux Pays-Bas et à bon marché est payant.
En novembre 2001, trois camions ont dû revenir à plein de Moerdijk, près de Rotterdam. Brézillon avait omis de fournir au transporteur routier les bordereaux de mouvements transfrontaliers de déchets.
En septembre 2002, le préfet de Loire-Atlantique autorise l’exportation des déchets. En novembre 2002, les Pays-Bas acceptent cette exportation à titre expérimental, et pour un volume global de 1000 tonnes.