L’Asie, c’est fini

11 févr. 2020

43 conteneurs de déchets de plastiques usagés exportés par la France en 2018 et 2019 sont de retour. Refusés par la Malaisie, ils commencent à arriver dans le port du Havre. Un premier lot a été débarqué samedi en provenance du port malaisien de Tanjung Pelepas. Deux autres lots sont attendus les 14 et 21 février. Ils sont transportés par des porte-conteneurs de la CMA-CGM. Chaque conteneur est ouvert en présence des douanes et d’un représentant du producteur de déchets. Il s’agit, dans la mesure du possible, de comparer ce qui est parti et ce qui revient. Pour ordonner cette ré-expédition, la Malaisie s’est fondée sur l’absence d’autorisation de l’entreprise importatrice ou la non-conformité des balles de plastiques (souillures, hétérogénéité, indésirables,…). Les voyages retours de déchets depuis l’Asie vers les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, le Japon, le Royaume-Uni et la France se multiplient. Déjà, l’Indonésie a renvoyé en France deux conteneurs de déchets en juillet 2019.

Le trafic France-Malaisie était en particulier organisé par Felexia implantée près de Toulouse et dirigée par Lee Xia (gérante), Lee David (directeur commercial) et Poujols Yun Lee (responsable de gestion). Felexia était un courtier en déchets. Son rôle était de chercher des plastiques recyclables issus des centres de tri et de les expédier chez des « clients » en Asie. Jusqu’à la fin de l’année 2017, les principaux « clients » prétendument capables de recycler les plastiques étaient implantés en Chine. Le 1er janvier 2018, après avoir envoyé plusieurs coups de semonce à la communauté internationale, la Chine a fermé ses frontières aux arrivages de déchets, toutes catégories confondues, même les navires en fin de vie. La Chine ne veut pas devenir la poubelle du monde. Felexia avait trouvé de nouveaux marchés en Malaisie. Depuis le 21 novembre 2019, Felexia est en liquidation judiciaire.

Il est inacceptable que les filières de tri des déchets ménagers ou commerciaux aboutissent en Asie ou en Afrique.

Robin des Bois demande au ministère de l’Ecologie de se rapprocher des Douanes et de publier les tonnages exportés en 2018 et 2019 par chacun des courtiers et des producteurs de déchets qui en toute connaissance ou par négligence ont expédié des plastiques usagés dans les pays du sud-est asiatique. Le PNTTD (Pôle National des Transferts Transfrontaliers de Déchets) doit à cet égard être plus transparent et réactif. Basé à Metz, le dialogue et la disponibilité ne sont pas sa priorité. Le guichet est ouvert de 9h à 12h, moins que les mairies de villages de 400 habitants.

Robin des Bois demande aussi à tous les industriels membres de la FNADE (Fédération Nationale des Activités de la Dépollution et de l’Environnement) et de la FEDEREC (Fédération Professionnelle des Entreprises du Recyclage) de s’engager à recycler ou à valoriser les plastiques usagés en France ou dans des pays de l’Union Européenne après avoir vérifié la capacité réglementaire, financière et technique des destinataires.

La traçabilité et le principe de proximité s’imposent pour éviter les pertes en ligne, les brûlages à ciel ouvert, les enfouissements clandestins, la dérive des plastiques en mer, les décharges sauvages et la démotivation des particuliers qui concourent au tri des déchets.

 

 

 

 

 

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