Lubrizol, les nausées abondent

4 déc. 2019

Communiqué Lubrizol n°8

Comme tous les deuxièmes mardis du mois, le CODERST* va se réunir à la préfecture de Rouen pour régler les affaires courantes à huis clos, sans compte-rendu et sans rendre des comptes. Oublieux de ses inconséquences antérieures, le cénacle entend sous la courtoise injonction de Monsieur le Préfet statuer sur la reprise partielle et immédiate des activités sur le site Lubrizol de Rouen « as is », comme on dit dans le monde de la démolition des navires, c’est-à-dire dans l’état où il est, un état hémiplégique et chaotique.

Plusieurs arguments s’opposent à cette initiative :
– La mise en sécurité des fûts pleins endommagés et déformés par l’incendie ne sera pas terminée avant le mois d’avril. Les opérations sont plus complexes que prévu et peuvent à tout moment déclencher des odeurs vomitives.
– Les opérations de mélange et de formulation que la direction, le personnel et un syndicat représentatif de l’entreprise souhaitent redémarrer au plus vite ne sont pas exemptes de risques incendie ou d’épandage de produits toxiques. Même s’il convient de noter que le pentasulfure de phosphore, la matière la plus dangereuse mise en œuvre sur le site, a été évacué et renvoyé chez le fournisseur, les ressources en eau et en émulseur immédiatement disponibles restent sous-dimensionnés et les modalités d’information des populations en cas de sinistre, qui ont fait la preuve de leur inefficacité, ne seront pas renouvelées d’ici la fin de l’année.
– L’enfûtage, c’est-à-dire la mise en fûts des produits finis se ferait dans un site Seveso seuil bas en Seine-Maritime, dont la localisation précise n’est pas connue à cette heure de Robin des Bois. Cette activité supplémentaire, permanente et substantielle alimentée par camions-citernes réclame, à notre avis, une modification de l’étude de dangers de ce prestataire de service et une enquête publique, deux formalités qui ne peuvent pas être raisonnablement accomplies avant quelques mois.
– La reprise partielle des activités chez Lubrizol Rouen, dans des conditions certes fidèles à la doctrine d’accélération et de simplification adoubée par la présidence et le gouvernement de la République, risque de faire de tout le personnel de Lubrizol Rouen une victime collective à l’horizon de 3 à 4 ans. Lubrizol exploite une soixantaine d’usines dans le monde. Les plus récentes sont en Chine. Le site de Rouen pourrait en fait être condamné et définitivement fermé après quelques années de dépannage, le temps qu’une unité nouvelle et rentable soit opérationnelle ailleurs dans le monde et avant même que les sols, sous-sols et nappes souterraines ravagés par l’incendie du 26 septembre 2019 aient été dépollués.

* COnseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques

Voir aussi :
Le comptoir Lubrizol, page d’informations sur l’incendie de Lubrizol. Cette page est alimentée en tant que de besoin.

Lubrizol, communiqué n°1 : Comment le secret s’est abattu sur les usines Seveso, 30 septembre 2019 (avec reportage photos et vidéo)
Lubrizol, communiqué n°2, 2 octobre 2019
Lubrizol, communiqué n°3, 4 octobre 2019 (Mortalité de poissons et d’oiseaux)
Lubrizol, communiqué n°4, 7 octobre 2019
Lubrizol, communiqué n°5, 11 octobre 2019
Lubrizol, communiqué n°6: Un comité de transparence ou un comité de défense de Lubrizol ? 12 octobre 2019
Lubrizol, communiqué n°7, 22 octobre 2019

 

 

 

 

 

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