Collision / Solong – Stena Immaculate

11 mars 2025

Communiqué n°2

L’événement de mer est loin d’être terminé. Le feu a parcouru le tanker américain. Il est maintenant éteint. Le Stena Immaculate était chargé de 30.000 tonnes de carburant pour l’aviation militaire. Une partie du carburant est partie à la mer. La coque semble en bon état. L’incendie est considéré comme circonscrit mais les navires d’assistance se tiennent encore à distance respectable dans la crainte d’un feu couvant et d’explosions domino.

L’inventaire des matières diverses et dangereuses à bord du porte-conteneurs Solong n’a pas été communiqué par l’armateur allemand Ernst Russ. Il a seulement démenti avec plusieurs heures de retard la présence à bord de conteneurs pleins de cyanure de sodium, reconnaissant toutefois la présence de 4 conteneurs ayant contenu du cyanure de sodium. Il n’a pas communiqué non plus sur les nationalités de l’équipage. Le Solong bat pavillon Portugal bis (port d’attache : Madeira). Le feu n’était pas éteint à bord ce matin. Le Solong dérive. Son sort reste incertain.

Les marins du Stena Immaculate sont tous des ressortissants des Etats-Unis d’Amérique. Le Stena Immaculate fait partie des 10 pétroliers affrétés par la MARAD (United States Maritime Administration, Administration Maritime des Etats-Unis) pour le Tanker Security Program (TSP). Le TSP a pour objectif de mettre à la disposition du département de la Défense une dizaine de tankers transocéaniques battant pavillon Etats-Unis chargés de ravitailler en pétrole et autres carburants les forces armées des Etats-Unis, notamment pendant les crises nationales et internationales. Le Stena Immaculate avait chargé le JET A-1 dans le port grec d’Agioi Theodoroi près de la raffinerie Corinth Refinery qui produit entre autres des carburants pour aéronefs.

Les épandages en mer de carburants y compris éventuellement des fiouls lourds de propulsion du Stena Immaculate et du Solong vont créer un choc environnemental et une intoxication lente de la production planctonique, des organismes benthiques, de la faune aviaire, des mammifères marins et des laminaires. Après la phase aigüe de la marée toxique viendra la phase de restructuration des écosystèmes. Un suivi des effets de la catastrophe sur les ressources naturelles et halieutiques devrait à notre sens être mis en oeuvre par les autorités britanniques en collaboration avec les autorités des pays riverains comme les Pays-Bas, l’Allemagne et la France.

En application du règlement CE n°1272/2008, le JET A-1 est signalé comme “toxique pour les organismes aquatiques et entraînant des effets néfastes à long terme.” D’ailleurs, il se pourrait que le JET A-1 soit en fait du JP-8 conçu pour l’US Air Force et utilisé par la Royal Air Force, introduit pour la première fois dans les bases de l’OTAN en 1978, utilisable au moins jusqu’en 2025 et contenant des additifs particuliers.

La préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord basée à Cherbourg dit que cet événement n’aura pas de retombées négatives sur les eaux et les côtes françaises. Robin des Bois est réservé vis-à-vis de cette allégation car les pollutions marines et atmosphériques sont vagabondes et ne respectent pas les frontières administratives.

Certains spécialistes atténuent les effets de la collision entre le Solong et le Stena Immaculate en affirmant que la pollution est surtout atmosphérique et que la pollution marine est de moindre intensité. En fait, les pollutions atmosphériques sont des dommages environnementaux migrateurs et majeurs. Les particules des panaches retombent tôt ou tard à la surface et dans la colonne d’eau au détriment de la faune et de la flore marines.

Il y a 200 à 300 collisions entre navires sur l’océan mondial par an. La plupart sont dans les ports ou les approches des ports et se produisent à faible vitesse.

Cet accident de mer fait d’une certaine manière écho à la collision le 7 octobre 2018 entre le porte-conteneurs CSL Virginia chypriote qui était à l’ancre au large du Cap Corse et le navire roulier tunisien Ulysse qui l’a percuté à pleine vitesse par le travers. 700 tonnes de fioul lourd de propulsion s’étaient échappées du CSL Virginia et 400 km de côtes entre Saint-Tropez et Banyuls avaient été touchés par des arrivages de galettes et de boulettes dans les semaines qui ont suivi.

 

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