Mayotte, communiqué n°1
Mayotte, océan Indien : Petite-Terre (12,11 km2) et Grande-Terre (363 km2). Entre 400.000 et 500.000 habitants.
L’absence de la ministre de l’Ecologie dans la délégation gouvernementale qui a visité Mayotte après le passage du cyclone témoigne de son effacement et du rôle subalterne qui lui est réservé et auquel elle consent. Le ministère de l’Ecologie est pourtant par le biais d’une de ses directions, la DGPR (Direction Générale de la Prévention des Risques), la vigie des catastrophes climatiques, géologiques, sismiques et industrielles. La DGPR qui est relayée dans les 101 départements français par ses antennes (DREAL en métropole et DEALM à Mayotte – Direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte), devrait être érigée en ministère des Risques majeurs ou ministère des Situations d’urgence ou encore ministère de l’Atténuation des catastrophes que de nombreux pays ont mis en place.
Les déchets post-cycloniques
Si l’on se réfère aux retours d’expérience des ouragans Irma et Katrina, de la tempête et vague de submersion Xynthia et des inondations dans les bassins amont de la Seine et de la Loire, le cyclone Chido a produit en quelques heures entre 2 et 10 années de production normale de déchets. Une première estimation de 200.000 tonnes de déchets post-cycloniques paraît raisonnable. En conséquence, sur l’archipel se multiplient les aires de dépose de déchets mélangés sur des sites improvisés ou près des anciennes décharges illégales fermées. Si ces dépôts considérés comme des lieux de transit ne sont pas rapidement résorbés, ils vont s’installer et devenir des foyers d’insalubrité (prolifération de rats, de moustiques vecteurs de maladies …) et d’incendies accidentels (autocombustion, piles au lithium) ou volontaires et dans tous les cas mauvais pour la santé des populations, pour l’environnement et la qualité des masses d’eau. L’évacuation rapide des déchets vers la seule ISDND (Installation de stockage de déchets non dangereux) à Dzoumogné au Nord de Grande-Terre est une priorité. La fermeture de l’ISDND était prévue en 2030 au plus tard. Les déchets post-cycloniques vont précipiter sa saturation et créer à court terme des perturbations supplémentaires de la filière déchets, y compris pour ceux de routine (hors catastrophe).
Mayotte est soumise aux risques cyclones, submersions marines, tsunamis, inondations, tremblements de terre, mouvements de terrain et feux de forêts. Depuis 2011, les Plans de prévention et de gestion des déchets en métropole et dans les Outre-mer doivent prendre en compte les productions des évènements exceptionnels comme les cyclones et les inondations.
Le Plan du département de Mayotte approuvé en juin 2024 rappelle que l’Etat doit prendre le relais des communes afin d’assurer le maintien de la salubrité lorsque l’ampleur du sinistre le nécessite et omet de désigner par anticipation des sites temporaires susceptibles de recevoir en transit les déchets de catastrophe. L’information du “grand public” et des professionnels sur les pratiques permettant de limiter les quantités de déchets post-catastrophe et les mélanges n’a pas été considérée comme prioritaire. Des campagnes d’information sont prévues à partir de 2026. Chido a devancé l’appel et rappelé à sa manière que la pédagogie sur la prévention et la gestion des déchets post-catastrophe doit être accessible à toutes les populations et compréhensible par tous. A titre d’exemple, aux Etats-Unis d’Amérique, les fiches d’informations pour se préparer à un ouragan et gérer au mieux ses dommages sont traduites en 14 langues dont le français. La leçon Chido pourrait servir non pas à un retour à la normale qui avant le cyclone suscitait beaucoup d’inquiétudes, de tensions et de dérives, mais plutôt à une amélioration substantielle des modes de prévention, de tri et de gestion des déchets, à condition que la reconstruction tienne compte de la géologie volcanique et escarpée de Mayotte, de la diversité des populations et de la biodiversité des Terres, Grande et Petite, des mangroves, du lagon et des récifs de corail de la mer de Mayotte.
L’imprécision du bilan humain et matériel à Mayotte après le passage de Chido a contrasté avec la précision des mises à jour de l’OCHA (Office for the Coordination of Humanitarian Affairs de l’ONU) qui le lendemain du survol par le cyclone publiait des bilans pour Madagascar, la République islamique des Comores, le Mozambique et le Malawi.
Dossiers de Robin des Bois sur les cyclones et les inondations
– Les déchets de l’ouragan Irma, octobre 2018 (106 pages, pdf 5 Mo)
– Déchets post-catastrophe: les inondations d’août 2018 au Kerala (Inde), 28 février 2019
– Les déchets des inondations dans les bassins amont de la Seine et de la Loire, 26 mai 2017 (47 pages, pdf 8,7 Mo)
Guides “Cyclone: prévenir, réagir, rétablir”, octobre 2013, du GEIDE post-catastrophe (Groupement d’Expertise et d’Intervention Déchets post-catastrophe) réalisés avec Robin des Bois.
– Guide pour les particuliers (20 pages, pdf 1,3 Mo)
– Guide pour les acteurs économiques (24 pages, pdf 2,1 Mo)
– Guide pour les conseillers municipaux, services techniques, responsables des collectivités territoriales (24 pages, pdf 1,5 Mo)
– Guides “Inondation: prévenir, réagir, rétablir”, octobre 2013
– Les déchets du tremblement de terre et du tsunami au Japon Rapport d’étape, septembre 2011
– Le cercle des déchets disparus dans le Pacifique, 7 mars 2013
– Des millions de passagers clandestins tournent autour de l’Océan Pacifique, 31 mai 2011
– Les déchets de la tempête Xynthia, septembre 2010 (111 pages, pdf 8 Mo).
– Le groupe de travail déchets post-catastrophe suite au Grenelle, 2008
(comptes-rendus des réunions et recommandations du groupe de travail).
Déchets post-catastrophe: risques sanitaires et environnementaux, septembre 2007 (Robin des Bois/Ademe/GEIDE post-catastrophe). Chapitre I: Katrina.
– Le rapport sans les annexes (138 pages, 2,5 Mo)
– Les annexes seules (162 pages, 16 Mo)
Page Internet de Robin des Bois dédiée aux déchets post-catastrophe
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