Communiqué n°2
Calme presque plat sur le front, après l’alerte de Robin des Bois sur la fumisterie de Normandie (1) — 95 km de littoral baignant dans les fumées et les fusées d’une vingtaine de feux d’artifices synchronisés en soi-disant hommage à tous les soldats Ryan et Coleman qui ont débarqué le 6 juin 1944 sur le sable avant de percer dans la jungle du bocage.
Confronté au premier communiqué de Robin des Bois, le président du Comité du Débarquement a déclaré sur France 3 Basse-Normandie : “Je comprends l’argument écologique.” “A l’avenir, il faudra sûrement en tenir compte.” “Mais la question de l’annulation ne se pose pas, il est trop tard.” Quant à la Région Normandie dont le président a aussi reçu un courrier de Robin des Bois réclamant l’annulation des feux d’artifice et de l’embrasement synchronisé de la côte, elle est restée que ce soit en oral ou en écrit muette sur le sujet.
Des décibels et des vibrations à faire tomber la tour de Pise, une foule d’admirateurs piétinant les plantes et arbustes qui luttent contre l’érosion marine, une armée de bagnoles et de camping-cars intrusifs, des sacs à déchets saturés, des pissotières de campagne pleines, des trucks food partout, un vomi d’ordures sur la bande côtière et les quais et des barbecues improvisés. On est loin du recueillement et du désir de paix. Au lieu de ce vacarme et de cette pagaille, des heures de silence ou d’espérance s’imposent.
Les feux d’artifice sont totalement imprévisibles pour la faune sauvage des dunes, des falaises et des haies. Rien à voir avec les orages dont elle a une préconnaissance intime. Les tonnerres pyrotechniques avec leur triple effet — bruit, lumière, fumée — sont, pour les oiseaux adultes qui en mai et juin assument pleinement leurs responsabilités de parents et d’éducateurs des générations futures, des apocalypses foudroyantes provoquant des paniques, des fuites parfois sans retour et même des collisions et des chutes d’oisillons.
Les communautés et les collectivités rurales savent depuis longtemps que les oiseaux et les autres animaux sauvages sont effrayés par les vacarmes inopinés. L’usage courant des pétards à corbeaux, des canons effaroucheurs et des autres épouvantails acoustiques en témoigne. C’est donc en toute connaissance de cause que les organisateurs de ces spectacles gratuits vont effrayer la faune sauvage et en particulier les oiseaux au sein de 37 Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique terrestres et marines et de 10 zones Natura 2000.
Après la nuit d’épouvante et un gavage de particules fines pour les poumons des oiseaux et des mammifères marins et terrestres, les plages et la baie de Seine seront dépositaires d’une pollution supplémentaire. La bibliographie mondiale démontre que les résidus divers des mortiers d’artifice déversent dans les environnements aquatiques des millions de micro ou macro-déchets persistants et polluants, des plastiques, de la mousse, de la fibre de verre, des résidus de colorants chimiques.
Les feux d’artifice sont aussi dangereux pour la santé des populations humaines. Ils dégagent une pollution atmosphérique instantanée et des fumées toxiques pour tous. Les asthmatiques, les cardiaques, les enfants, les femmes enceintes ou en âge de procréer sont en première ligne.
En plus des atteintes certaines à la biodiversité animale et végétale, les feux d’artifice sont des sources potentielles de départs de feux.
Robin des Bois a écrit le 16 avril au Président de la “Mission Libération” pour réclamer à nouveau l’annulation de cette festivité pyrotechnique (2). Elle réitère sa demande par le présent communiqué.
(1) Panique dans les nids en Normandie, 13 mars 2024
(2) Courrier de Robin des Bois au Président de la “Mission Libération” en date du 16 avril 2024
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