“A la Casse”
Bulletin trimestriel d’information et d’analyses sur les navires en fin de vie
n° 39, du 1er janvier au 31 mars 2015
pdf 77 pages. 9,5 Mo
– Un convoi de 46 km de long est parti à la casse en janvier /février/mars 2015 (contre 38 km pour le dernier trimestre 2014).
– Kuito, le mammouth radioactif échoué pour démolition à Aliaga, Turquie, soulève des inquiétudes (p. 60). L’industrie pétrolière est exposée à la radioactivité naturelle renforcée. Le pétrole brut est riche en radium. Des dépôts de radium se concentrent dans les pompes, les canalisations, les citernes en amont du raffinage. Les teneurs peuvent atteindre 15.000 Bq/gr. Ce sont des déchets radioactifs à vie longue. Le démantèlement des FPSO (Floating Production Storage Offloading, unité flottante de production de stockage et de déchargement) expose les travailleurs des chantiers à des contaminations internes et externes. L’autorité de sûreté nucléaire turque est sur ses gardes.
Le FPSO Kuito à Aliaga © Hurriyet Daily News
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En janvier, février et mars 2015, 257 navires de commerce et militaires ont été envoyés à la démolition. Les destinations favorites sont par ordre décroissant le Bangladesh, l’Inde, la Chine, le Pakistan et la Turquie.
La démolition cumulée permettra le recyclage de 2,34 millions de tonnes de métaux. L’ensemble des navires contient environ 100.000 tonnes de déchets toxiques, amiante, PCB, boues d’hydrocarbures, peintures antifouling …
78 navires avaient été construits en Europe, 85 appartenaient à des armateurs européens ou de l’AELE (Association Européenne de Libre Echange). Seulement 7 navires ont été démolis dans des chantiers de l’Union Européenne.
Les cas des navires abandonnés à Brest (p. 2), des navires bagnes (p.15) et d’un ancien transporteur de déchets nucléaires entre la Suède et la France (p.75) sont notamment contés.
Cas positifs:
– le Zortürk dont la démolition va commencer à Saint-Nazaire alors que son profil en faisait un candidat potentiel pour les trafiquants de migrants en Méditerranée (p. 25).
– le CGG Symphony appartenant à un armateur français en cours de démolition à Gand en Belgique alors que son sister-ship a pris feu et coulé devant les îles Canaries provoquant une marée noire (p.72).
La Convention de Hong Kong pour le recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires de l’Organisation Maritime Internationale n’est pas prête d’entrer en vigueur. La ratification de 15 pays représentant 40% de la flotte mondiale est nécessaire. Seuls la Norvège, la France et le Congo Brazzaville l’ont ratifiée.
Le nouveau Règlement européen sur le recyclage des navires s’applique exclusivement aux navires battant pavillon d’un Etat membre de l’Union. La stratégie de l’Union Européenne était au départ beaucoup plus ambitieuse car elle englobait les navires battant pavillon extra-européen appartenant à des armateurs établis dans l’Union Européenne.
Une première liste des chantiers agréés par chacun des Etats-membres devrait être publiée d’ici la fin de l’année 2015. Elle concerne les chantiers installés dans l’Union Européenne. Une deuxième liste incluant des chantiers dans des pays hors Union Européenne devrait être publiée d’ici la fin 2016.
La Convention virtuelle de Hong Kong et le Règlement mou de l’Union Européenne ne vont pas révolutionner les pratiques actuelles.
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