Bientôt la fin du cauchemar ?

29 août 2012

MSC Flaminia
Communiqué n°6 et synthèse chronologique.

L’errance du MSC Flaminia dure depuis le 14 juillet 2012. Jusqu’au 21 août, le porte-conteneurs en extrême difficulté et les remorqueurs avec leurs équipages ont été repoussés des eaux sous juridiction française et anglaise. Le convoi est resté dans un no man’s land juridique et logistique hors du rayon d’action des hélicoptères en cas d’urgence pour les sauveteurs-pompiers. Les incertitudes sur les matières dangereuses transportées sont avant tout dommageables pour les intervenants. Le 18 juillet, après la deuxième explosion, le premier remorqueur sur zone s’est écarté de près de 2 km du MSC Flaminia pour éviter tous les risques ; en même temps MSC parlait d’une « petite explosion ».

Contrairement aux déclarations du préfet maritime de l’Atlantique, il y a toujours eu urgence dans ce dossier, celle de prévenir le naufrage du navire et d’éviter la dérive maritime de plusieurs centaines de conteneurs et de 2000 tonnes d’hydrocarbures.

Le navire n’est plus seulement un porte-conteneurs accidenté, c’est également un tanker chimique transportant 20.000 tonnes d’eaux d’extinction polluées par un cocktail toxique.

Après un mois et demi de crise, l’inventaire exact des matières dangereuses reste confidentiel. A la question de Robin des Bois sur la présence éventuelle de matières radioactives à bord, l’armateur a répondu que les matières de la classe 7 n’étaient pas transportables à bord de ses navires. Il est donc probable que la charte d’affrètement du MSC Flaminia interdise le transport de matières radioactives. Cependant, il est fréquent que les affréteurs n’appliquent pas scrupuleusement ces clauses et une déclaration de MSC ou de l’Autorité de Sûreté Nucléaire serait beaucoup plus probante à cet égard.

Le silence des autorités portuaires de Charleston aux Etats-Unis est surprenant. Depuis l’attentat du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont renforcé la surveillance des conteneurs en transit et le manque d’information en provenance des Etats-Unis ne contribue pas à comprendre les raisons initiales de l’incendie et de l’explosion à bord du MSC Flaminia.

Robin des Bois apprécie que les pays riverains de la Manche et de la Mer du Nord soient tous informés des conclusions des rapports d’expertises menées à bord du MSC Flaminia et à partir des documents transmis par MSC et souhaite que la société civile en soit simultanément destinataire. 

Enfin, Robin des Bois appelle la Commission Européenne à réunir rapidement des experts afin d’étudier les scénarii de sauvetage et de mise en sécurité des porte-conteneurs dans les eaux européennes et les ports. Les autoroutes maritimes sont fréquentées par des porte-conteneurs de 14.000 boites mesurant 400 m de long, supérieurs en taille et en capacité au  MSC Flaminia. L’absence de plan d’urgence, en particulier dans les ports, est un des dangers du gigantisme des navires. 

 

CHRONOLOGIE  DE L’ACCIDENT DU MSC FLAMINIA

MSC Flaminia, lancé en 2001, construit en Corée du Sud, longueur 299 m, capacité 6750 conteneurs, 2876 conteneurs à bord au moment de  l’accident, armateur NSB – Niederelbe Schiffahrtsgesellschaft mbH & Co. KG (Allemagne), pavillon Allemagne, affréteur MSC – Mediterranean Shipping Company.

23 membres d’équipage (5 allemands, 3 Polonais, 15 Philippins) et 2 passagers.  

Date

14 juillet

Incendie et explosion dans le compartiment 4 – Le navire était en route de Charleston (Etats-Unis) à Bremerhaven (Allemagne) via Le Havre (France), Anvers (Belgique) et Felixtowe (Royaume-Uni).

Mayday reçu à Falmouth (Royaume-Uni) à 10:07 UTC.

Le MSC Stella évacue les blessés vers les Açores (4 hommes dont l’un décède pendant le transfert) ; le plus gravement brûlé est transféré des Açores vers Lisbonne (Portugal). Le reste de l’équipage est accueilli par le tanker VLCC DS Crown.

Bilan : 1 mort, 1 disparu, 3 blessés dont un très grave.

Situation au moment de l’accident : 1.000 milles nautiques d’une côte (1.850 km).

Abandon du navire : 1600 km des Cornouailles et 1700 km de Brest puis dérive vers l’est.

15 juillet

Smit Salvage, compagnie hollandaise, est mandaté par NSB pour le sauvetage.

2 navires de lutte incendie sont en route.

16 juillet

Le MS Hanjin Ottawa (appartenant comme le MSC Flaminia à NSB) attend l’arrivée des navires de sauvetage et prend des photos. Pas de dommages à la superstructure, la salle des machines, l’avant et l’arrière du navire, panache de fumée.

Le 16 juillet 20h : 1459 km des Cornouailles 1540 km de Brest.

17 juillet

11 h. Arrivé du 1er navire d’assistance le Fairmount Expedition. Début de la lutte incendie.

18 juillet

Dans la nuit : 2ème explosion dans la baie (travée) 47.

Interruption des opérations de lutte incendie.

Le Fairmount Expedition recule à 1 mille nautique (1,8 km) du MSC Flaminia « à cause des matières dangereuses à bord » selon NSB.

Pour MSC : petite explosion, la chaleur et le feu sont moins intenses dans le compartiment 4, dégâts à la cargaison inconnus.

19 juillet

Les rescapés arrivent à Falmouth (Royaume-Uni).

Les opérations d’extinction ont repris ; pas d’expansion du feu ; pas de nouveaux dommages après la 2ème explosion.

Le porte-conteneurs développe une gîte de 8-10° à cause des eaux d’extinction et des conteneurs désarrimés.

20 juillet

Arrivée du 2ème navire d’assistance Anglian Sovereign en provenance d’Ecosse.

4 spécialistes montent à bord du MSC Flaminia et réactivent son système de lutte incendie.

Gîte de 8,5 °.

Dégâts : compartiments 4, 5 et 6 détruits. Le 7 n’est pas en feu.

21 juillet

Arrivée du 3ème remorqueur d’assistance Carlo Magno.

22 juillet

Le 22 juillet à 17 :20 – 840 km des Cornouailles 933 km de Brest.

23 juillet

« Le feu est sous contrôle » selon MSC.

Début du remorquage.

Gîte de 10°.

600 milles nautiques des côtes anglaises et bretonnes (1100 km).

24 juillet

Remorquage à la vitesse de 5 nœuds.

320 milles nautiques de l’Angleterre (593 km).

Gîte de 10°.

Le brouillard empêche l’équipe de sauvetage de monter à bord du MSC pour contrôler chaque conteneur et repérer d’éventuels nouveaux feux.

« Après ces contrôles seulement, le navire pourra obtenir une autorisation d’escale » selon NSB.

25 juillet

Le 25 juillet 14h39 – 410 km des Cornouailles 454 km de Brest.

26 juillet

4 nœuds.

Gîte 11°.

Inspection à bord : moins de fumées dans les compartiments 4 et 5. Toujours des points chauds dans certains conteneurs. Pas d’inspection rapprochée à cause de la chaleur. Les sauveteurs arrêtent le système de lutte incendie du MSC.

« Autorisation des autorités anglaises attendue dans les prochains jours » d’après NSB.

26 juillet 16h48 330 km des Cornouailles, 360 km de Brest.

Le convoi a ralenti entre le 25 et le 26 passant de 4 à 2 nœuds.

28 juillet

Le 28 juillet à 2 :06 UTC – 70 km Cornouailles, 160 km Brest.

Le 28 juillet à 9 :32 UTC – 254 km Cornouailles, 332 km Brest.

Le navire s’éloigne, tourne en rond.

 

29 juillet

Attente à 100 milles nautiques (185 km).

« La situation s’améliore » dit NSB : presque plus de fumée dans les compartiments 4 et 5, mais toujours des points chauds.

29 juillet 19h46 – 85 km Cornouailles, 187 km Brest

 

30 juillet

30 juillet 00h00 – 238 km Cornouailles, 120 km Brest.

S’éloigne de la côte anglaise, pique au sud. Le convoi est interdit d’accès dans les eaux sous juridiction anglaise et française.

17h35 Communiqué Robin des Bois : Un refuge pour le MSC Flaminia.

 

31 juillet

Détérioration de la météo depuis le 30. Impossible de monter à bord du MSC Flaminia.

Le convoi recule et se stabilise à 200 milles marins (370 km) des Cornouailles.

Gîte 10 °.

Le feu est éteint dans les compartiments 4, 5 et 6 mais il y a de la fumée dans le 7 où la température s’élève.

Courrier de Robin des Bois aux gouvernements français et anglais et à la Commission Européenne.

1er août

Direction sud-sud-ouest dans l’Atlantique.

Le feu couvant s’est étendu au compartiment 3.

1er août 18h00 – 560 km Cornouailles, 560 km Brest.

2 août

Le CEDRE (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) confirme les informations de Robin des Bois.

3 août

Gîte de 10 °.

En attente à 360 milles (667 km) des Cornouailles.

Refroidissement en cours.

3 août 16h56 – 720 km Cornouailles, 720 km Brest.

6 août

Le MSC a pu être examiné après 6 jours de non intervention à bord.

Moins de fumée dans le compartiment 7, baisse de la température.

Gîte de 10°.

La lutte contre l’incendie par les remorqueurs n’est pas nécessaire.

6 août 00h00 317 km Cornouailles, 357 km Brest.

8 août

8 août 9h24 – 327 km des Cornouailles, 320 km de Brest.

Aucune réaction au communiqué et au courrier de Robin des Bois du 31 juillet. Silence total de la part du gouvernement français.

9 août

Gîte de 10 °.

Lutte contre les points chauds toujours en cours : extinction individuelle des conteneurs.

Les négociations avec les Etats riverains pour obtenir une permission d’escale continuent.

Le directeur de NSB considère « choquant que dans cette situation un navire battant pavillon allemand ne soit pas autorisé à se réfugier dans un port d’un Etat européen ».

Déclaration par MSC de « General Average » (partage proportionnel des pertes).

10 août

11h30 – Communiqué Robin des Bois : Médaille de plomb pour l’Union Européenne.

Dans l’après-midi, première réaction de la France et du Ministère de l’Ecologie : le nombre de 37 conteneurs de produits chimiques dans la zone impactée est évoqué.

11 août

11 août, 6h42 179 km des Cornouailles 220 km de Brest.

13 août

Conditions météo stable : la lutte contre les points chauds continue.

Les eaux d’extinction ont été transférées dans les citernes de ballast et la gîte a ainsi corrigée à 2,5°.

240 milles nautiques 444 km des côtes anglaises.

Toujours pas d’autorisation d’entrer dans un port.

Le convoi se dirige vers l’ouest.

14 août

Situation inchangée par rapport à la veille. Photo du 13 août : émission de fumée visible dans le compartiment 7.

15 août

Mauvaise météo.

Remorquage à 4,5 nœuds à 400 milles nautiques (741 km) à l’ouest de l’entrée de la Manche.

Le préfet maritime de l’Atlantique estime qu’il n’y a pas de danger immédiat, pas d’urgence.

16 août

16 août 1h37 – 867 km des Cornouailles 1000 km de Brest.

20 août

450 milles (833 km) des côtes anglaises.

Les autorités allemandes autorisent le navire à gagner les eaux allemandes puis un port à définir. Il est prévu un mouillage à 12 milles nautiques (22 km) à l’ouest de l’archipel d’Heligoland (soit 55 km du continent, 73 km de Wilhelmshaven et 85 km de Bremerhaven).

Cependant il faudra l’accord des Etats riverains France, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas pour traverser la Manche.

18h30 Communiqué Robin des Bois : Le MSC Flaminia en route vers l’Allemagne. 1ère demande de lever de doute sur la radioactivité.

21 août

Les autorités maritimes anglaises et françaises décident l’envoi d’une équipe d’experts à bord du MSC Flaminia. Le rapport sera fourni aux Etats riverains.

L’Allemagne prend en charge la responsabilité du sauvetage du navire et de sa mise en sécurité.

350 milles nautiques (648 km) de l’entrée de la Manche.

22 août

22 août 22h21.

136 km des Cornouailles 198 km de Brest.

23 août

12h00 Communiqué Robin des Bois – MSC Flaminia : lever le doute sur la radioactivité.

Choix du port d’arrivée : Wilhelmshaven.

Pas de fuite des citernes de fioul et des citernes d’eaux de ballast.

Matières dangereuses dans la cargaison, notamment des produits chimiques pour l’industrie allemande. Pas de matières radioactives : dans ses contrats d’affrètement, NSB n’autorise pas le transport de matières de la classe 7 (radioactive).

Situation 100 milles nautiques (185 km), le convoi se rapproche de l’Angleterre, jusqu’à 40 milles nautiques (74 km) pour inspection.

24 août

La préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord autorise le passage du navire sous réserve que l’incendie soit maîtrisé et la coque résistante. Il est attendu au large de Cherbourg le week end du 25-26 août.

26 août

Le navire est au mouillage, nouvelle surveillance à bord dans l’après-midi.

Evaluation documentaire par les autorités allemandes. 1ers chiffres officiels : 2876 conteneurs dont 151 contenant des matières dangereuses de différentes classes : 72 détruits, 24 endommagés, 55 intacts.

Surveillance particulière du compartiment 3 : 245 conteneurs dont un d’adhésifs, un de sulphonate de magnésium (usage pharmaceutique et peinture), un de testostérone (pharmaceutique), deux de nitrométhane (produit de classe 3 inflammable à usage de solvant dans les résines, dans la production d’insecticides, d’explosifs) … Près des conteneurs de nitrométhane la température est de 50°. Compte tenu de la nature du produit, les autorités allemandes en accord avec la société de classification Germanischer Lloyd suggèrent de noyer le compartiment 3.

26 août 13h 49 – 50 km des Cornouailles.

27 août

Attente de l’inspection à 30 milles ouest des Cornouailles.

Pas d’autorisation anglaise de traverser la Manche avant le rapport des experts.

28 août

Dans la nuit, le convoi du MSC Flaminia quitte sa position à la vitesse de 6 nœuds en direction de la Manche.

Dans l’après-midi, inspection d’une équipe d’experts internationaux pendant 5 heures ; leur rapport sera remis aux autorités mercredi 29 août. Des essais moteurs et gouvernail sont effectués. La température maximale à bord est encore de 40°. Selon la préfecture maritime de Cherbourg, le navire devrait transiter dans les eaux françaises vendredi.

29 août

29 août 7h54, 250 km de Cherbourg

 

Sources : AIS – Automatic Identification System ; Havariekommando – Central Command for Martime Emergency ; Maritime Bulletin ; MCA – Maritme and Coastguard Agency ; Ministère de l’Ecologie (France) ; MSC – Mediterranean Shipping Company ; NSB – Niederelbe Schiffahrtsgesellschaft ; Ouest-France ; Robin des Bois; Télegramme (le).

 

 

 

 

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