Bulletin d’information et de suivi sur les PCB n° 2

11 déc. 2007

Somme

La commercialisation de poissons pêchés dans la Somme et dans les affluents et étangs qui y sont reliés est interdite entre Saint-Quentin et Feuillères. L’interdiction devrait être prochainement étendue au moins jusqu’à Amiens. Il est probable que les inondations de 2001 ont joué un rôle de propagation et d’uniformisation des pollutions chimiques dans le cours inférieur de la Somme. Les activités anciennes de la SPELIDEC * à Saint-Quentin sont sans doute la source de contamination principale. A la fin de l’année 1982, la Direction Interdépartementale de l’Industrie découvrait une station de transit de transformateurs et de condensateurs électriques provenant en majorité d’EDF. Ce site fonctionnait sans autorisation. Ce n’est qu’à partir de 1985 que 540 fûts reconditionnés sur place en novembre 1984 ont commencé à être expédiés dans la seule usine spécialisée dans le traitement des composants aux PCB alors en fonctionnement en France. SPELIDEC est répertorié dans l’inventaire des sites pollués de 1994 avec la mention « sol et nappe pollués ». Fin 1994, le sol de SPELIDEC a fait l’objet de divers remaniements. Des terres plus ou moins contaminées ont été éparpillées aux alentours de Saint-Quentin, notamment à Maissemy, sans qu’une traçabilité exacte ait été réalisée. L’ancienne emprise SPELIDEC a été vendue à la ville de Saint-Quentin ; elle est désormais intégrée à la ZAC de la porte d’Isle. Les sous-sols de la ZAC contiennent des PCB résiduels et la nappe sous-jacente (5 à 6 m) n’a pas été dépolluée. SPELIDEC disparaît dans l’édition 1996 de l’inventaire des sites pollués. Des interventions urgentes visant à relocaliser tous les sites de dispersion des terres contaminées et d’éventuels objets en provenance de SPELIDEC sont nécessaires de même que la meilleure connaissance de l’impact de l’ex-emprise SPELIDEC sur la qualité des eaux de la Somme.

* SPELIDEC aurait servi en 1983 de plate-forme de transit aux 41 fûts de terres souillées aux dioxines issues de l’accident de Seveso en Italie. Ces fûts auraient été retrouvés dans l’annexe d’une boucherie en mai 1983 à Anguilcourt-le-Sart dans l’Aisne avant d’être incinérés à Bâle après un transit dans le camp militaire de Sissonne.

 

Rhône

Parmi les sources potentielles de contamination du bassin du Rhône par les PCB figure à l’amont la friche Alsthom d’Aix-les-Bains aujourd’hui placée sous la responsabilité d’AREVA. Des centaines de parties actives de condensateurs y ont été enfouies à environ 2 m de profondeur et des concentrations importantes en PCB ont été détectées au niveau de plusieurs forages. La pollution menace à la fois le lac du Bourget sous l’action de la rivière Tillet qui s’y jette et le bassin amont du Rhône sous l’action des nappes phréatiques.

Voir dans la revue Contrôle de novembre 2007 l’article de Robin des Bois « Dépôts chimiques et radioactifs : le cas du Rhône » sur le rôle des inondations dans le transport des pollutions (pdf).

 

La Suisse se remet à l’heure PCB

Conformément à ce qui était dit dans le bulletin n°1, la Suisse a découvert dès 1987 des anomalies PCB dans le lac Léman et vient de réactiver son programme de détection. Les premiers résultats devraient être connus au début de l’année prochaine.

 

Vandalisme et vol de métaux

Depuis notre premier bulletin PCB du 10 octobre 2007, deux transformateurs au pyralène ont été vandalisés pour récupérer le cuivre, faute d’avoir été assujettis à une filière d’élimination fiable et accélérée.
Le premier début octobre en Guadeloupe alors qu’il était en attente d’expédition en métropole pour y être retraité. 200 litres de pyralène se sont échappés et ont contaminé des sols qui ont dû être excavés et qui devront être traités en métropole dans une usine spécialisée. A noter que le transport maritime des transformateurs et du pyralène en provenance des territoires d’outre-mer se fait dans des conditions médiocres et que les conteneurs arrivent souvent fuyards et dans des états dégradés.
Le deuxième dans le Maine-et-Loire fin novembre dans une minoterie désaffectée. EDF-GDF service Anjou, toujours pas au courant de la réglementation PCB et des obligations en la matière dit « qu’il n’existe pas de recensement de ce type de matériel ». A titre de précaution et malgré les déclarations rassurantes de la préfecture, Robin des Bois demande un suivi de la contamination des poissons sauvages de la Sarthe, et des poissons d’élevage s’il y en a, entre Morannes (49) et Angers. Robin des Bois souhaite que l’identification, l’enlèvement et le retraitement des transformateurs aux PCB dans les sites industriels désaffectés constituent une priorité pour tous les services de l’Etat, les liquidateurs judiciaires et les maires.

 

Bretagne, étang de Via, 20 ans après

Entre juin 1986 et février 1987, l’étang de Via près de Redon en Ille-et-Vilaine avait été pollué par des épandages de PCB et d’hydrocarbures en provenance de l’entreprise Erre spécialisée dans la maintenance de transformateurs électriques. Des quantités importantes de sédiments ont été curées et transportées dans les carrières d’Avrillé près d’Angers, de même que 2 tonnes de poissons contaminés. Robin des Bois souhaite que, 20 ans après, un bilan environnemental de l’étang de Via et un bilan hydrogéologique des carrières d’Avrillé soient réalisés.

 

 

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