Cherbourg : l’impensable voyage du Plutonic

28 oct. 1992

En qualifiant la campagne d’information et d’animation de Greenpeace de “troubles à l’ordre public” et en prétendant éloigner ses bateaux du théâtre de l’opération plutonium, les autorités françaises dévoilent leur agacement, leur impuissance et l’imminence de l’arrivée du Plutonic.

Lundi 26 octobre, les militants de Robin des Bois et de Greenpeace se sont baladés en canoë dans le port militaire de Cherbourg. Après leur interception mouvementée et tardive par des commandos de fusiliers marins, ils ont pu à loisir observer la précarité de la logistique et de la voirie de la digue du Homet où aura lieu le chargement de 1,7 tonne de plutonium.

La grue à deux crochets (15 et 60 tonnes) a été construite en 1965 et vient d’être révisée. Elle marche au fuel (réservoir d’1 T). En face de la grue, au pied de la jetée, il y a un stockage de gaz inflammables signalé par l’étiquette règlementaire.

Les 1.500 tonnes de fuel du Plutonic (autonomie de 100 jours) et les 1.700 kilos de plutonium seront donc sur les quais de Cherbourg en bonne compagnie.

7 projecteurs de part et d’autre de la grue sont fixés sur des embouts de plastique et ne bénéficient d’aucune protection.

On ne peut pas à proprement parler qualifier de route le revêtement de la digue du Homet. C’est pourtant par là que passeront 17 conteneurs remplis chacun de 100 kilos de plutonium. Il s’agit plutôt d’une piste semée d’ornières et d’embûches dont les postes de transformateurs (au pyralène ?), longue de 400 mètres environ et large de 9 mètres, sans glissières de sécurité pour séparer le bord du quai de la mer.

Pour renforcer cette impression de bricolage et de flottement, il nous a été permis d’observer à plusieurs reprises que les plongeurs de la Marine Nationale ou de l’une de ses sociétés secrètes étaient amenés sur le ponton grue par le Mayliss, l’un des bateaux de la Salmona, entreprise de pisciculture récemment installée dans la grande rade de Cherbourg sur une concession accordée par la Marine Nationale.

Enfin, interrogé par nos soins, M. Vesseron, directeur de l’IPSN (Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire), a déclaré qu’il n’était pas indispensable que les japonais répondent positivement aux 11 questions posées le 19 octobre par  l’IPSN aux autorités japonaises. “Quelques réponses incomplètes ne remettraient pas en cause la sécurité globale du système anti incendie”.

Les écologistes se voient, par toutes ces négligences, encouragés à redoubler leurs troubles au désordre public.

 

 

 

 

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