Debout les baigneurs !

7 mai 2003

Venez à nous rats des villes claquer votre pognon sur notre littoral vierge de toute réflexion et de toute information sur les dangers de la marée noire du Prestige.

La vérité est plus nuancée et elle est implacable. Depuis le début de l’année, le Golfe de Gascogne et son système hydrodynamique sont infiltrés par le fuel russe du Prestige battant jusqu’au fond des mers son pavillon des Bahamas. Le Prestige est intarissable. Le fuel du Prestige est un “ monstre ”. Ce n’est pas Robin des Bois qui le dit, c’est le capitaine de frégate Nédelec, président de la Commission d’Etudes Pratiques de lutte antipollution (CEPPOL) qui était à bord de l’Ailette, affrétée par la marine nationale, navire de récupération arrivé le premier sur la zone du naufrage du Prestige.

“ Face au fioul ” disait-il prémonitoire le 10 décembre 2002, “ on a l’impression d’avoir affaire à un monstre qui apparaît et disparaît. Les nappes ont tendance à couler la nuit et à ressurgir aux premiers rayons du soleil ”. Les signes de la présence du fioul dans tout le Golfe se sont manifestés dès le 7 janvier avec l’arrivée sous Lorient d’une bouée souillée, puis d’oiseaux mazoutés sous Concarneau, de boulettes à Belle-Ile et sous l’Ile d’Yeu. En Aquitaine, les professionnels du tourisme ont beau vouloir tourner la page et diffuser des messages immaculés, le fioul est toujours là sous forme de galettes, de boulettes et de paillettes. Il est toujours cancérigène et susceptible de contaminer par voie interne les enfants, les nageurs et d’une manière indiscutable la faune marine, coquillages et crustacés.

Le littoral est le plus grand bidonville français. En plus du fioul et des déchets, les phycotoxines prolifèrent, activées par les rejets de boues de dragages, les eaux de ballast, le ruissellement des eaux continentales polluées. Les algues toxiques peuvent aussi se répandre à cause des transports de coquillages d’une région d’élevage à une autre. Les interdictions légitimes de collecte et de commercialisation des coquillages contaminés se multiplient, y compris en hiver. Les conchyliculteurs ont plus tendance à se battre contre l’information que contre les sources de pollution.

Robin des Bois réitère sa demande d’abolition du pavillon bleu entre Biarritz et Brest, et souhaite qu’une information officielle délivrée par l’INVS (Institut National de Veille Sanitaire) et l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) accompagne les diagnostics des syndicats d’initiative et des éminents toxicologues dont Pascal Obispo et Natasha Saint-Pier qui, à Arcachon et sous les crépitements des objectifs, viennent de gober sans mourir des milliers d’huîtres du bassin (*). Jusqu’alors pour ce qui concerne les toxines, le test biologique était pratiqué sur des souris après inoculation d’extraits de pancréas de coquillage.
Robin des Bois réitère aussi sa demande de déclenchement du plan POLMAR-Terre en Bretagne. Le ramassage des goémons pollués et surtout leur stockage dans des délaissés municipaux ouvrent des risques d’incendie en été quant tout est desséché. Des brûlages volontaires ou involontaires ont été observés après le Prestige comme après l’Erika.

 

(*) : le samedi 3 mai, la saison touristique était lancée sur la plage d’Arcachon, avec une dégustation de 60.000 huîtres du bassin; dans le même temps, le Préfet de Gironde interdisait la pêche et la commercialisation des moules d’Arcachon en raison de la prolifération de l’algue dinophysis.

Imprimer cet article Imprimer cet article