Dunkerque: la mer à deux justices

11 avril 2003

Pour rechercher de la cocaïne, les pouvoirs publics français n’hésitent pas à mettre un minéralier en cale sèche dans les chantiers navals de Dunkerque.

Pour rechercher les responsabilités dans l’abandon et la mort de quatre marins pêcheurs des Sables-d’Olonne, la mise en cale sèche du Bow Eagle dans les mêmes chantiers navals avait été refusée en août 2002.

Les fouilles du minéralier Bonavis sont en cours depuis une semaine à Dunkerque.
L’interrogatoire de l’équipage au large de Dunkerque du chimiquier norvégien Bow Eagle a duré 6 heures et les observations par la gendarmerie maritime des parties émergées de la coque quelques minutes. Le Bow Eagle rejoignait immédiatement Rotterdam et le terminal particulier de sa compagnie; il reprenait la mer dans la nuit du 12 septembre 2002 alors que le Tribunal de Grande Instance des Sables-d’Olonne venait de délivrer une commission rogatoire internationale. “Le juge d’instruction a demandé à ce que la navire s’arrête en France” précisait alors le procureur de la République des Sables-d’Olonne.

Depuis, les remous se tassent pour l’armateur norvégien Odfjell et ses équipages exclusivement philippins à l’exception du seul commandant norvégien. M. de Richemont, avocat de la compagnie Odfjell, vient même de rendre un rapport sur l’avenir de la marine marchande française commandé par le Premier Ministre dans lequel le Norway International Ship Register est cité en exemple.

Le Bow Eagle était entré en collision à 2h30 du matin le 26 août 2002 avec le chalutier Cistude. Quatre marins-pêcheurs sont morts. Trois autres ont été sauvés par hélitreuillage 9 heures après la collision. Le Bow Eagle ne s’est pas arrêté.
En France, le délit de fuite a de l’avenir, à condition d’être armateur.

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