Embargo sur les sirènes

7 mars 2013

Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction
CITES 2013 – Bangkok, 16h45 (heure locale)
Communiqué n°4

Les lamantins des Caraïbes et les lamantins de l’Amazone sont inscrits à l’Annexe I de la CITES depuis 1975.

Il a fallu attendre 38 années pour que le lamantin d’Afrique de l’Ouest (Trichechus senegalensis) bénéficie de cette protection. Son commerce international est désormais interdit. La proposition du Sénégal, du Bénin et de la Sierra Léone a été acceptée par consensus. L’effectif des lamantins d’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui estimé à moins de 10.000 individus répartis dans les eaux côtières et estuariennes de 21 pays. Ils atteignent une longueur de 3 à 4 mètres et un poids de 300 à 500 kg. Des individus exceptionnels peuvent atteindre 4 mètres de long et peser plus de 1.000 kg Les lamantins sont exclusivement herbivores. Ils sont communément qualifiés de vaches marines. Avec 30 kg de plantes aquatiques consommées chaque jour, ils sont considérés comme le meilleur moyen biologique de lutter contre la colonisation des milieux aquatiques par les espèces végétales invasives comme les jacinthes d’eau douce.

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© Bruno Congar / Robin des Bois

Le lamantin effectue des migrations saisonnières vers l’amont des fleuves. Son parcours est menacé par les pollutions, les barrages, les filets de pêche et la baisse du niveau des eaux. Son habitat côtier, principalement les mangroves, est en régression et la contamination des eaux l’a fait disparaître de la lagune d’Abidjan.

Avec les dugongs, les lamantins forment l’ordre des siréniens. Les lamantins sont les sirènes des mythologies africaine et américaine mais ils n’ont que faire des fables et des contes. Nonchalants, peu mobiles, au contact des hommes dans les eaux côtières ou intérieures, ils ont été chassés et consommés dès le 17ème siècle par les marins, les pirates et les colons. Ils sont aujourd’hui confrontés à la réalité et à une nouvelle vague de braconnage intensif. Une « mafia du lamantin », selon l’expression des autorités de protection de la faune d’Afrique de l’Ouest, alimente le commerce des peaux, de l’huile, des os, des organes génitaux et des spécimens vivants pour les zoos aquatiques (3.450 euros l’animal). Le trafic est en expansion. Les principaux pays importateurs des lamantins et produits du lamantin sont la République de Corée, la Chine et Taiwan. Le commerce inter-africain se développe également entre les pays riverains du Golfe de Guinée. L’huile de lamantin est réputée soigner les rhumatismes et les douleurs. Elle se vend 230 euros le litre. Les organes génitaux masculins ont des soi-disant vertus contre l’impuissance et comme de bien entendu les organes génitaux féminins stimuleraient la libido. La chair de lamantin est surnommée « viande de brousse aquatique».

Robin des Bois salue la décision des Etats-membres de la CITES qui contribuera à la protection du lamantin. La volonté des pays de l’aire de répartition a été respectée. La CITES va peut-être sauver de l’extinction les lamantins d’Afrique de l’Ouest et leur éviter le sort de la Rhytine de Steller, autre espèce de l’ordre des siréniens, découverte dans les eaux arctiques par les explorateurs danois au milieu du 18ème siècle. 27 ans après, elle avait été jusqu’à la dernière massacrée par les chasseurs et les marchands de fourrure. Elles mesuraient jusqu’à 8 mètres de long.

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