Enquête publique sur le projet de prolongement de la ligne 1 – Château de Vincennes à Val de Fontenay

2 mars 2022

Observations de Robin des Bois du 2 mars 2022 au projet de prolongement de la ligne 1 dans le Bois de Vincennes (Val-de-Marne)

Destinataires : Monsieur Chaulet, Président de la commission d’enquête, Madame Soilly, Monsieur Charliac, Monsieur Bonaty et Monsieur Biechler, membres de la commission d’enquête

Madame, Messieurs,

Concernant l’enquête publique relative au projet de prolongement de la ligne 1 – Château de Vincennes à Val de Fontenay, vous trouverez ci-dessous les observations de Robin des Bois.

Le Bois de Vincennes s’étend soi-disant sur 995 hectares. Cette affirmation doit être nuancée. Des routes, des équipement sportifs (parcours sportif de Daumesnil, plaine de jeux du Polygone, Club de Baseball, centres équestres, parc municipal des sports, hippodrome de Paris Vincennes), des équipements culturels (théâtres, parc floral de Paris, etc) des centres de recherches (jardin d’agronomie tropicale, Institut d’étude du développement économique et social de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement) et d’autres installations parasites dévorent environ 400 hectares du Bois de Vincennes.

Cette colonisation humaine coupe en deux le Bois de Vincennes et empêche la libre circulation et la dispersion de la biodiversité. A cette colonisation plus ou moins officielle, s’ajoute une cabanisation rampante elle aussi destructrice de la biodiversité.

Malgré tous ces obstacles, le Bois accueille des oiseaux qui sont tous en voie de régression, des chauves-souris et des oiseaux de proie qui sont en voie d’extinction, des insectes prestigieux tels que les lucanes inféodés aux chênes. Des papillons (azurés, théclas de l’orme, flambés), des hérissons, des renards, des écureuils et des mustélidés vivent également dans cet espace naturel.
Il est interdit en application de l’article L.411-1 du Code de l’environnement de nuire à la conservation et à l’habitat des espèces protégées ainsi que de détruire ou de perturber ces espèces.

Pour ajouter à l’anthropisation le dossier dont vous avez la charge considère comme inévitable un défrichage supplémentaire d’1,4ha. Vous comprendrez que la seule référence à la superficie dans un environnement aussi sensible et menacé nous paraît insuffisante et susceptible de masquer la réalité. La qualité d’un appartement ne se réduit pas à un nombre de m2, de même la qualité d’un habitat naturel ne peut pas se réduire à une somme de m2.

Combien y-a-t-il d’arbres sur cette parcelle ? Combien d’espèces animales et végétales sont présentes sur cette parcelle à sacrifier ? Quels sont le nombre, l’âge et la spécification des arbres à abattre ? S’agit-il d’exclusivement d’arbres mais également de bosquets ou de haies qui servent notamment d’habitats à des oiseaux protégées ?
Bref, il s’agit là d’une étude d’impact datant des années 1990-2000 et en aucun cas d’une étude menée par un aménageur digne de ce nom et de grande envergure. 

La fragmentation supplémentaire du Bois de Vincennes sera une source de nuisances sonores et visuelles dans un premier temps par la phase chantier qui durera une dizaine d’année et dans un deuxième temps par la ventilation de la ligne de métro souterraine. Tous ceux, comme vous peut-être, qui avez été victime d’un chantier de démolition et de construction pendant quelques semaines sont à même d’apprécier le cocktail de perturbations qui accableront les riverains pendant des mois et des années. Dans le dossier d’enquête publique, ce cocktail n’est pas suffisamment détaillé. Les riverains dans l’état du dossier d’enquête publique sont dans l’incapacité de prendre conscience de la lourdeur du chantier et de la diversité des risques et nuisances.

Les modalités de gestion des déblais pollués constituent pour Robin des Bois un deuxième sujet d’inquiétude. Leur extraction provoquera également des envols de poussières et des bruits industriels.
Compte tenu de la pollution de certains sous-sols par des hydrocarbures, il n’est pas exclu que des nuisances olfactives viennent aggraver le tableau et nuisent à l’agrément des habitants.
Les porteurs du projet précisent que « des précautions particulières seront à prendre lors des travaux et une gestion spécifique des terres polluées devra être mise en place, en particulier une évacuation vers des centres de stockage adaptés. » (Pièce E chapitre 4a p.106). Nous estimons que ces précautions et la gestion des déblais devraient être explicitées en amont et présentées dans les documents de l’enquête publique.

Selon la pièce E chapitre 4a (p.110) les installations agréées pour le stockage de ces déblais assimilables à des déchets, se situeraient dans les « départements de la grande couronne limitrophes, notamment la Seine-et-Marne ». Nous constatons que le chantier global d’aménagement du Grand Paris entraîne une saturation des exutoires légaux des déblais et qu’une grande part d’entre eux sont exportés hors de l’Île-de-France jusqu’en Normandie et en Picardie, par exemple, cette dispersion des déblais hors de l’Île-de-France nous donne à penser que le périmètre de l’enquête publique est trop restreint et néglige les intérêts des populations éloignées du chantier.

Les porteurs de projet précisent que « des modélisations hydrogéologiques restent à mener dans le cadre des études de conception détaillées afin d’analyser finement les impacts de la construction des stations ainsi que des autres ouvrages constitutifs du projet en tranchée ouverte et ceux de l’infrastructure en exploitation. » (Pièce E, chapitre 5 p.45). Encore une fois l’aménageur survole le sujet et remet à plus tard l’exploration et la divulgation de risques concernant la stabilité des sols et la modification de l’écoulement des nappes phréatiques sous-jacentes. Aucune étude hydrogéologique approfondie n’a été menée à ce sujet en amont de l’enquête publique. Rien sur la dissolution éventuelle du gypse géologique par la modification des eaux sous-jacentes, peu de choses sur les risques miniers dus aux anciennes carrières, peu d’informations immédiatement disponibles sur le risque « retrait-gonflement d’argile ». Considérant les dommages importants provoqués par cet aléa, nous considérons qu’il y a là une omission majeure.
En tant que spécialiste des risques industriels, Robin des Bois est également préoccupée par l’intégrité de la canalisation de gaz naturel haute pression qui pourrait être sensible aux vibrations des tunneliers dans le secteur de la station Les Rigollots.

Nous observons, d’une manière globale, que les problématiques des nuisances et des risques géologiques et hydrologiques ne sont pas assez étudiées. Les porteurs du projet précisent que la plupart des études complémentaires seront menées « préalablement aux travaux », c’est-à-dire, après l’enquête publique.

En conséquence et pour toutes ces raisons, l’association Robin des Bois vous recommande d’exprimer un avis défavorable au dossier d’enquête publique tel qu’il est conçu et d’inciter les aménageurs à revoir leur copie.

Merci de votre attention

Robin des Bois

 

 

 

 

 

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