Hunt Oil : la Manche n’est pas le Far West

9 janv. 1996

La compagnie texane Hunt Oil pourrait installer à partir du mois d’avril une plate-forme de forage de prospection pétrolière à 40 kilomètres au large de Barfleur.

Cette mise en place d’une plate-forme de forage près du dispositif de séparation du trafic maritime des Casquets représente un risque supplémentaire pour la sécurité maritime. La Manche compte parmi les zones de trafic les plus importantes de l’océan mondial avec plus de 400 passages chaque jour dont de nombreuses cargaisons de matières dangereuses. Les dispositifs anti-collision avancés par la compagnie Hunt Oil sont soit dérisoires, soit inadaptés. Le bateau de servitude associé à la plate-forme peut-il en effet être assimilé à un remorqueur de haute-mer comme le laisse entendre la compagnie de recherche pétrolière ?
Que peuvent des balises lumineuses, des radars face aux nombreuses fortunes de mer que connaissent chaque année les parages des Casquets : navires ou remorques à la dérive, collisions, pertes de conteneurs, erreurs de navigation.

L’irruption et le stationnement de Neddrill 9 sera un élément inédit dans une charge de travail qui dépasse déjà les capacités des opérateurs du Cross-Jobourg. Bonjour les sueurs froides !

La société Hunt Oil n’a pas encore présenté toutes les mesures qu’elle compte prendre pour la gestion des boues et des déblais de forages et l’évacuation des effluents et déchets d’origines diverses générés par ce type d’installation, huiles de vidange, fluides de forage, eaux de ruissellement, de lavage, eaux usées domestiques. Une pollution accidentelle par hydrocarbures générée par une fausse manœuvre ou au pire par l’explosion du puits de forage est à envisager, les ressources halieutiques de la zone, les mammifères marins et les plages du Cotentin n’en demandent pas tant. L’impact écologique du forage pétrolier sur le plateau continental va nuire aux activités de pêche, déjà soumises à de nombreuses nuisances industrielles.

Les pêcheurs du Cotentin ou plutôt leurs représentants syndicaux avalent toutes les couleuvres: l’immersion de 200.000 tonnes de boues toxiques provenant de l’arsenal de Cherbourg, et l’accumulation de déchets radioactifs dans la fosse des Casquets.

Le 28 octobre 1994, le président du Comité local des Pêches Maritimes de Cherbourg et du Comité régional de Basse Normandie déclarait à la presse: “Ces quelques fûts radioactifs ne sont rien par rapport à l’agression permanente que subit la mer. Les rejets en mer des industries de la baie de Seine, les projets d’extraction de granulats et d’extension du port de commerce du Havre sont des menaces autrement plus sérieuses.”

Étrangement, les projets de prospection pétrolière et donc d’exploitation pétrolière ne sont plus considérés par le même responsable comme des menaces sérieuses. Peut-être voit-il d’un bon œil la reconversion des pêcheurs en pompistes.

Eu égard à tous les dangers représentés par la chasse au pétrole du Hunt Oil, Robin des Bois demande au préfet de la Manche de ne pas autoriser le forage dit du permis de Barfleur.

 

 

 

 

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