Indigestion de crise à Arcachon

17 janv. 2003

Dans le courant porteur de décembre et des fêtes de fin d’année 2002, l’ostréiculture arcachonnaise se disait inaccessible aux résidus du Prestige.
Début janvier, après les arrivages sur toutes les plages extérieures et l’intrusion des hydrocarbures à l’intérieur du bassin, les producteurs d’huîtres et le préfet de Gironde ont évoqué l’excellence du pôle ostréicole et le total respect des consommateurs. L’interdiction de la mise sur le marché des huîtres et autres coquillages apparaissait à tous naturelle et inéluctable.
Aujourd’hui, sur la foi d’analyses réalisées à Rouen sur des échantillons récoltés il y a 15 jours dans le bassin d’Arcachon, la commercialisation reprend. Tout va bien, alors que les nappes maraudent sur les côtes du Médoc et au large, et que la pollution visible ou invisible rôde dans le bassin.
Tout va bien. Les analyses fondées exclusivement sur la recherche partielle des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), à l’exclusion du vanadium, du nickel et du soufre, révèlent une contamination considérée comme normale de 0,1 mg/kg de matière sèche.
Après le naufrage de l’Erika, l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) a dans un premier temps adopté un seuil d’exclusion pour les HAP de 0,5 mg/kg dans les coquillages. Pour des raisons non scientifiques, ce seuil a été élevé à 1 mg/kg. Le seuil de 0,5 mg/kg aurait entraîné l’interdiction définitive de mise sur le marché de la plupart des huîtres du littoral de Méditerranée.
L’AFSSA, dans sa première note sur le Prestige, confirme que les coquillages sont particulièrement sujets à la contamination.

Robin des Bois recommande que des mesures beaucoup plus complètes et rapides soient effectuées dans le bassin d’Arcachon. Il apparaît nécessaire d’effectuer quotidiennement des prélèvements non seulement sur les huîtres et autres coquillages mais aussi dans le milieu, et notamment les sédiments. Hors pollution du Prestige, l’écosystème du bassin d’Arcachon est menacé par l’accumulation d’insecticides persistants (DDT), de sels d’étain (TBT) et autres métaux lourds remobilisés par les dragages et les rejets de dragage. Les teneurs en zinc et en cuivre dans les huîtres sont en augmentation depuis quelques années. La veille sanitaire mise en oeuvre par les pouvoirs publics en Gironde dans le cadre du plan Polmar est flottante et incohérente.

Imprimer cet article Imprimer cet article