La CICTA dans son radeau de survie

26 nov. 2010

Liberté de Thon – n°4
Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique et des eaux adjacentes – CICTA.
17-27 novembre, Paris.

A Paris, les pays membres de la CICTA multiplient les bonnes paroles, les bonnes résolutions et les promesses de dons pour sauver les thons, et donner à tous l’image d’une famille solidaire et citoyenne du monde.

La réalité est toute autre. Les déclarations de captures, les données statistiques, les listes de navires impliqués, les rapports annuels, sont en général tronqués, truqués ou inexistants. Les arriérés de paiements de cotisations à la CICTA s’accumulent et les absents ont toujours raison, comme l’Algérie soupçonnée de captures illégales en 2008 et 2009 –la délégation algérienne est arrivée l’avant-dernier jour de cette réunion.

Les scientifiques des pays-membres sont de moins en moins nombreux à participer aux réunions du Comité Scientifique de la CICTA. Simultanément, toutes les parties contractantes prétendent que le thon est essentiel pour l’économie et la sécurité alimentaire, une position bien résumée par le Ghana : « Les thonidés sont la colonne vertébrale de notre pays ».

Une colonne qui, à moyen terme, s’il n’y a pas plus de rigueur partagée et de transparence, risque de s’effondrer. Un déclin emblématique peut en cacher d’autres. A l’ombre du thon rouge se profilent des inquiétudes et des incertitudes convergentes sur les stocks de thon obèse, d’albacore, de listao et même de germon dans l’Atlantique Sud, où se rabattent un nombre non défini des thoniers internationaux chassés de l’Océan Indien par les risques de piraterie.

Les amateurs de sushis, les chaînes de restaurants, la grande distribution et tous ceux qui préconisent le report sur d’autres espèces de thon font fausse route. Tous les thons doivent être consommés avec discernement et en toute connaissance des conséquences.

Le déroulement de cette réunion de Paris montre l’insuffisance générale des administrations nationales chargées de surveiller les activités de pêche. Seules l’intransigeance, l’indépendance et le renforcement de ces services pourraient sauver la CICTA de la faillite … et de la CITES, Convention sur le commerce international des espèces de faunes et de flore sauvages menacées d’extinction.

 

 

 

 

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