La sécurité s’envase à Port 2000

1 mars 2007

Déjà repéré comme reposoir par les oiseaux de mer, ce banc de sable qui s’installe dans Port 2000 à 2 encablures du cercle d’évitage où manœuvrent remorqueurs et porte-conteneurs illustre les dangers d’un port nouveau construit dans la méconnaissance de l’hydrodynamisme de l’estuaire de la Seine et de la dérive des sédiments portuaires. Cette photo prise il y a deux semaines à marée basse suggère les risques à venir pour la circulation maritime à l’intérieur de Port 2000 inauguré en mars 2006 et à l’extérieur où les creusements du chenal d’accès et la mobilité des talus de vases font craindre et constater des échouages prémonitoires, tels celui du Maersk Denton le 23 janvier 2007. Les investissements colossaux et les simulations du Port Autonome du Havre n’ont pas évité ces anomalies sédimentaires incessantes et sournoises qui exposent le trafic maritime de Port 2000 à bien des difficultés dont il n’est pas fini de recenser et de découvrir les effets. Les plaisanciers ne sont pas épargnés par ces risques. Le magasine « Voiles et Voiliers » du mois d’octobre 2006 sous le titre « Naufrage tragique au Havre » expliquait après l’échouage d’un voilier et la mort d’un des deux occupants : « C’est, selon le rescapé, une grosse vague venue par le travers qui aurait brusquement couché le bateau, éjectant les deux équipiers par-dessus bord. Or, de nombreux plaisanciers locaux ont constaté récemment l’apparition de vagues anormales en baie de Seine, dans la zone du naufrage, entre le chenal du Havre et celui de Rouen. Il est donc fort probable que les fonds aient subi des mouvements – peut-être liés à l’installation récente du nouveau port à conteneurs Port 2000, inauguré en mars dernier, ou au dragage de l’embouchure de la Seine » et d’ajouter « Espérons que ce drame qui a coûté la vie à un homme, incitera les autorités locales à procéder à de nouveaux sondages de cette zone ». Malgré ces diverses complications pénalisant la sécurité maritime générale, de nouvelles dispositions particulières autorisent les bateaux fluviaux à naviguer entre le port conventionnel du Havre et Port 2000. « Les bateaux fluviaux doivent respecter le Règlement International pour prévenir les abordages en mer ». Cette entorse supplémentaire à la sécurité maritime est destinée à se substituer à la médiocrité des moyens terrestres d’évacuation des conteneurs manipulés à Port 2000 et à l’absence d’écluse entre Port 2000 et le port conventionnel.

Robin-des-bois-p2000-pt

Port 2000 est en activité et il accompagne le déclin du trafic global du port du Havre. La fonctionnalité de ce projet ambitieux dont Robin des Bois disait en 1998 qu’il était « Le port du risque obligatoire », doit à notre sens être réexaminé par un collège d’experts indépendants de ceux qui l’ont inauguré, revendiqué, construit, imposé et caricaturé.

 

 

 

 

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