L’Amoco Cadiz sur les bords de Seine

14 mars 2000

Le Havre

 

Après le naufrage de l’Erika, Robin des Bois a remis à jour plusieurs milliers de tonnes de déchets de l’Amoco Cadiz sur les rives de la Loire, diffusé une cartographie des sites de stockage des déchets des marées noires en Bretagne, et constaté que plusieurs de ces sites sont dangereux pour l’environnement. Le 28 février, le Premier Ministre a annoncé que 20 millions de francs allaient être consacrés à la surveillance et la mise en sécurité de stockages des déchets des marées noires antérieures.

Aujourd’hui, l’association Robin des Bois, alertée par des représentants des milieux portuaires, a mis la main sur un tas d’environ 100.000 tonnes de déchets de l’Amoco Cadiz dans l’emprise du Port Autonome du Havre. Ce stockage incontrôlé est implanté dans une mosaïque de ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique), dans une ZICO (Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux) et dans la réserve naturelle de l’estuaire de la Seine, établie pour la conservation de la faune, de la flore, du sol et des eaux.

Il ressort de la lecture du “Havre Libre – Normandie Nouvelle” d’avril 1978 que les résidus de la marée noire de l’Amoco Cadiz sont alors traités au Havre, qu’un train entier y arrive chaque jour, que les déchets sont aussi amenés par caboteur. Ils devaient être traités par la SEREP (Société d’Études et de Réalisations d’Équipements Pétroliers), une entreprise havraise qui revendique une expérience antérieure sur les déchets du Torrey Canyon. La SEREP aurait accepté le marché à la demande du Port Autonome du Havre. Très vite, devant l’importance des apports, et leur hétérogénéité, l’entreprise qui travaille à cette occasion 24 heures sur 24 exprime dans la presse ses inquiétudes sur le bon déroulement de l’opération.

Selon des informations fiables parvenues à Robin des Bois, les déchets de l’Amoco Cadiz arrivés au Havre ont pour l’essentiel été transportés par train le long de la Route de l’Estuaire et jetés dans une fosse d’environ 3 hectares et 7 mètres de profondeur.

Cette décharge brute pollue les roselières et menace l’habitat de nombreuses espèces d’oiseaux protégées. La conservation de l’avifaune est l’enjeu du contentieux entre la Commission Européenne et le Port Autonome du Havre concernant le projet port 2000. La contamination des nappes alluviales de la Seine contribue à la dégradation de l’écosystème de l’estuaire. Le pétrole brut de l’Amoco Cadiz contient entre 3 et 5 % d’Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques cancérigènes, et des teneurs significatives en arsenic, plomb et cadmium.

Dans ses publications, le Port Autonome du Havre souligne que “la réserve naturelle est la protection environnementale la plus forte et la mieux réglementée”. De la communication à l’action, il y a un fossé, plein de pétrole.

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