Le carnage du Prestige

19 nov. 2002

Alors que le Prestige, stockage flottant d’hydrocarbures, ne fuyait plus, les manoeuvres erratiques imposées par le gouvernement espagnol ont enfin abouti après près d’une semaine à la destruction du navire et à son irrécupérabilité dans des fosses profondes de plusieurs milliers de mètres. Encore une fois la mer a été considérée comme une poubelle; une gestion et une évaluation rationnelle de l’accident aurait pu permettre une issue moins pénalisante pour l’environnement marin et pour les pêcheurs de l’Union Européenne.La flottabilité du fuel cargaison du Prestige est excellente; à court et à moyen terme des nappes homogènes ou fragmentées vont contaminer la chaine biologique marine, les équipements des pêcheurs et le littoral au Portugal, en Espagne, en France.

Plutôt que de se rabattre sur le capitaine grec d’un navire qui au demeurant grâce à une société de classification américaine et française avait tous ses papiers en règle, plutôt que de qualifier de “scandaleuses” les déclarations de Robin des Bois selon lesquelles “l’Union Européenne et chacun de ses pays-membres sont restés impuissants à mettre de l’ordre dans le transport de matières dangereuses”, plutôt que de laisser chacun des pays-membres se chamailler pour obtenir le siège d’une agence européenne de sécurité maritime, Madame la Commissaire européenne chargée des transports, Loyola de Palacio, doit prendre et imposer des mesures énergiques; sur le contrôle des bateaux sous-normes dans les ports et les eaux européennes, la mise à disposition de ports refuges, et le positionnement dans le golfe de Gascogne et tous les rails maritimes de matériels performants, innovants et disponibles pour assister, mettre en sécurité et remorquer les navires en difficulté. L’admission dans l’Union Européenne de Chypre et de Malte, “leaders” dans la pratique des pavillons de complaisance, doit être assujettie à l’assainissement préalable de leurs politiques maritimes.

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