Le Probo Koala, 2 ans après

19 août 2008

Le Probo Koala, armateur grec, pavillon Panama, affrété par Trafigura (société franco-helveto-anglo-hellénique) a déchargé à Abidjan, Côte d’Ivoire, il y a deux ans, environ 500 tonnes de résidus d’exploitation contenant du mercaptan et du soufre qui ont ensuite été dispersés dans une quinzaine de lieux publics autour de la capitale ivoirienne. Le bilan initial a fait état de 10 morts et de plusieurs centaines d’intoxiqués.

 

Le Probo Koala, navire du type OBO -Ore, Bulk, Oil- était utilisé par l’affréteur Trafigura comme une installation de désulfuration d’essence. Cette opération d’épuration sous-produit des déchets d’exploitation toxiques. Le Probo Koala se livrait à ce type d’opération en route et lors d’escales prolongées en face de Gibraltar (Royaume-Uni). Depuis l’affaire du Probo Koala, ni l’Union Européenne, ni l’Organisation Maritime Internationale n’ont interdit ce genre de raffinage maritime sur l’ensemble des navires ou à bord des navires appartenant à des armateurs européens. De même, aucune clarification n’est intervenue sur la gestion de ces résidus spécifiques d’exploitation.

Le Probo Koala après son passage à Gibraltar a fait escale à Amsterdam pour y décharger ses déchets. En cours de déchargement, des anomalies -odeurs et non-conformité chimique- ont été constatées par les opérateurs hollandais. Une plainte de voisinage a même été déposée. A la suite de négociations entre les autorités hollandaises et l’affréteur, les déchets ont ensuite été rechargés dans les cuves du Probo Koala. Cette opération n’est pas conforme aux règlements douaniers, ni à la directive européenne sur le traitement des résidus de cargaison et d’exploitation à bord des navires. Ce transit sur le territoire hollandais assimile ce rechargement à une exportation de déchets dangereux rentrant dès lors dans le cadre de la Convention de Bâle sur les mouvements transfrontaliers de déchets.

Sa dernière escale avant l’Afrique a été le port de Paldiski-Tallinn en Estonie. Les déchets n’y ont pas fait l’objet d’une surveillance particulière malgré l’alerte donnée par les autorités hollandaises.

Le Probo Koala, selon des informations parvenues à Robin des Bois et jamais démenties était en fait la propriété du groupe BNP Paribas, partenaire financier de Trafigura.

Un mois après le scandale d’Abidjan, la vente du Probo Koala à une compagnie de Dubaï a été confirmée et le Probo Koala est devenu le Gulf Jash, toujours sous pavillon Panama. Depuis lors il a touché l’Espagne et les Etats-Unis et a été récemment transféré sous le pavillon du Paraguay.

En janvier 2008, Trafigura a recruté par le biais du journal spécialisé Llyod’s List un superviseur général de sa flotte. Parmi les compétences requises figurait une connaissance approfondie de toutes les conventions internationales dont MARPOL.

La récupération de 12.000 tonnes de sédiments contaminés par le dépôt initial de 500 tonnes de déchets du Probo Koala a dissipé la panique à Abidjan et évité la propagation des rumeurs et des mouvements de foule. Ces 12.000 tonnes ont été acheminées en France. Le traitement s’est achevé en mars 2008.

=> Accès à la page Probo Koala de Robin des Bois

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