Les éléphants menacés par les retraités de la Côte d’Azur

13 mai 2014

La France, premier pays européen à avoir détruit ses stocks d’ivoire illégaux -3,4 tonnes en février 2014-, devient parallèlement une plaque tournante du commerce international de l’ivoire. Par l’intermédiaire de l’hôtel des ventes de Cannes, les défenses brutes ou travaillées de 42 éléphants ont été mises en vente le 8 mars et le 3 mai 2014. Elles cumulent un poids de 1,4 tonne. A en croire les propos du directeur de Cannes Enchères, la Côte d’Azur serait peuplée d’anciens travailleurs expatriés en Afrique revenus les mains pleines et souhaitant améliorer leur pension pour couler des jours paisibles face à la Méditerranée, loin des rafales des AK47 qui harcèlent les éléphants d’Afrique.

En mars, 25 éléphants du Kenya, de Centrafrique, du Gabon, d’Afrique du Sud, du Cameroun, du Liberia et du Niger sont passés sous le marteau de M. Debussy. En mai, ce fût le tour d’au moins 17 éléphants « d’Afrique ». A ce bilan s’ajoutent 16 statuettes en ivoire. Le directeur de la salle des ventes fraîchement auto labellisée « spécialiste des éléphants » se réjouit et parle de record mondial pour des ventes privées. Les prix ont atteint 1000 euros le kilo, de quoi voir resurgir des prétendus ivoires anciens et encourager l’offre, la demande et donc le braconnage.

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et la réglementation européenne et française autorisent le commerce international de l’ivoire d’éléphant d’Afrique importé avant 1976. Dans ce cas, la vente est assujettie à la délivrance d’un certificat par le Ministère de l’Ecologie via ses services déconcentrés. A noter que les conditions de publicité de la deuxième vente se sont dégradées par rapport à la première. Les numéros de certificats, les pays d’origine et les identités des vendeurs n’ont pas été précisés.

L’Etat français alimente le commerce international de l’ivoire en attribuant des certificats à la volée. A moins que ceux-ci ne soient faux. Lors de la dernière réunion du Comité sur le commerce des espèces de flore et de faune sauvages en février 2014 à Bruxelles, les Etats-membres de l’Union Européenne ont été exhortés à vérifier l’authenticité des certificats français en raison des très bonnes falsifications en circulation. Les faux certificats permettent de blanchir de l’ivoire illégal provenant d’éléphants braconnés.

La Côte d’Azur ne doit pas devenir le supermarché de l’ivoire et le rendez-vous des courtiers et amateurs du monde entier. Robin des Bois en appelle au Ministère de l’Ecologie et aux services de l’Etat pour que tous les documents tendant à prouver l’importation des ivoires en Europe avant 1976 soient examinés avec beaucoup de méfiance. Enfin, Robin des Bois demande au Ministère de l’Ecologie de déclencher une enquête au sujet des faux certificats français en circulation.

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