Lorient-Le Havre : sous les projets, les bombes.

28 oct. 2002

Le chef d’Etat-Major de la Marine Nationale tire à Lorient les leçons de la douloureuse expérimentation du Havre. Depuis 2 ans, le port autonome du Havre procède au déminage du projet d’extension du port connu sous le nom ” Port 2000 “. Le temps, le coût et l’achèvement de cette dépollution pyrotechnique dans laquelle la Marine Nationale est impliquée souffrent de nombreux dépassements et reports. La dépollution de la partie terrestre du projet a 9 mois de retard. Elle n’a pas commencé alors que les draglines, principaux acteurs du terrassement, sont en place depuis la fin de l’année dernière. Avant même de parler de dépollution, la détection pyrotechnique est incomplète et le plan de gestion-sécurité est absent.

Comme le Havre, Lorient a connu des vagues de bombardements dont des ” Tall Boy ” de 5 tonnes visant à détruire la base sous-marine allemande ; les spécialistes estiment qu’entre 8 et 11 % des munitions tirées n’ont pas explosé. Le tonnage des bombes déversées par les Anglais sur Lorient entre le 15 janvier et le 17 février 1943 est de 4000 tonnes. Enfouis dans l’eau ou les sols, ces vestiges de guerre sont dormants mais actifs lorsqu’un choc, un changement de pression ou de position les réveillent. La rive gauche du Scorff peut ainsi avoir servi de réceptacle à des bombes larquées et non explosées, et de site de regroupement de munitions de diverses origines dans l’immédiat après-guerre. La Marine Nationale souligne dans une lettre rendue publique par la CFDT les coûts ” exorbitants ” et les risques de la dépollution pyrotechnique du site. Les difficultés techniques et les prises de responsabilité sont lourdes et nombreuses au vu du voisinage de l’arsenal, de la proximité de la ville, de deux sites Seveso à risques élevés, du pôle de pêche, du trafic maritime passagers et matières dangereuses (nitrate d’ammonium par exemple) et de l’enclavement du site à dépolluer dans le fond de la rade de Lorient. La diversité et la densité des activités humaines s’accommodent mal de l’ouverture d’un chantier à durée indéterminée.

Clairement, le chef d’Etat-Major de la Marine Nationale entend éviter un nouveau guêpier analogue à la situation havraise.

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