Marée noire : un sister-ship pour le Prestige

26 nov. 2002

Les informations du journal Aujourd’hui / Le Parisien (26 novembre 2002) relatives à un vieux pétrolier se dirigeant vers Tallinn en Estonie pour charger du fuel lourd à destination du Sud-Est asiatique appellent la réaction suivante :

 

Le Byzantio est un navire qui devrait être déclassé en tant que pétrolier. À cet âge, les pétroliers transportent de la mélasse, sont transformés en stockage flottant ou sont ferraillés. Les sociétés de classification membres de l’IACS, agrées par les gouvernements européens et l’Union Européenne, en l’occurrence Det Norske Veritas, jouent un rôle pervers et contribuent à l’insécurité maritime mondiale. Le Byzantio a été plusieurs fois arrêté en Europe courant 2002, y compris en Grèce. Les pays baltes ne font pas partie du Mémorandum de Paris et les navires ne sont pas contrôlés dans leurs ports. Le trafic entre l’Europe du Nord et l’Asie de fuel lourd à haute teneur en soufre contribue à la pollution atmosphérique au-dessus de l’Asie et de l’Océan Indien.

Vue la marée noire du Prestige, il n’est pas pensable que le Byzantio puisse charger 53.000 tonnes à Tallinn et reprendre ensuite le chemin du Prestige. Instruits par la marée noire qui menace le sud de l’Europe, le chargeur, l’affréteur, et l’armateur doivent refuser d’utiliser le Byzantio. Si toutefois Crown Resources et l’Estonie n’intervenaient pas et laissaient partir en plein mois de décembre et des tempêtes un navire identifié comme dangereux, Robin des Bois demandera aux autorités des pays européens concernés par le passage du Byzantio dans leurs eaux territoriales et leurs Zones Economiques Exclusives (ZEE) – soit la Suède, la Finlande, le Danemark, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Belgique, la France, l’Espagne et le Portugal – de le considérer comme un péril imminent ou une menace pour l’environnement ; conformément au droit international de la Mer, il conviendra ainsi de l’intercepter, de le conduire dans un port-refuge, et de faire procéder aux frais de l’affréteur au transvasement de la cargaison dans un pétrolier plus conforme aux exigences de sécurité.

De nombreuses épaves errent dans le Golfe de Gascogne après les tourmentes de novembre : conteneurs, grumes, trimarans explosés, autant d’agresseurs potentiels pour des coques rouillées ; beaucoup des moyens européens d’assistance et de récupération d’hydrocarbures sont mobilisés dans l’Atlantique Sud. L’Europe ne peut pas prendre de risques supplémentaires. Si le Byzantio charge et passe, c’est que la Commission Européenne et les pays-membres de la Communauté sont inconscients et définitivement voués aux déclarations d’intention.

Imprimer cet article Imprimer cet article