Mis à jour le 12 mars 2025
Néant administratif. Hors contrôle, hors régime des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement. Même pas de déclaration par SMS à la préfecture. Pas de disposition constructive pour ralentir la marche du feu. Pas de trappes de désenfumage, pas la moindre citerne pour retenir les eaux d’extinction. Roue libre.
L’entrepôt de Rentokil ravagé par le feu le lundi 24 février 2025 contenait 100 à 200 tonnes [ordre de grandeur] de mort-aux-rats, aux souris, aux ragondins et aux punaises de lit, en cartons, en fûts, en bidons, en sacs. Les produits 3D (Désinfection, Désinsectisation, Dératisation) sont partis en vapeurs, en suies et en particules porteuses d’atteintes à toutes les formes de vie dans un grand déballage sournois et empoisonnant. La plupart des rodenticides (tueurs de rongeurs) étaient des anticoagulants dont les effets mortels et délétères se manifestent 10 à 20 jours après l’utilisation.
Tous les emballages vides ou contenant des produits périmés des produits 3D doivent être considérés comme des déchets dangereux et éliminés dans des incinérateurs spécialisés. Le brûlage à ciel ouvert du stock de l’agence Rentokil de Toulouse qui dessert l’Ariège, l’Aude, l’Aveyron, la Haute-Garonne, le Gers, les Landes, le Lot, le Lot-et-Garonne, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, le Tarn et le Tarn-et-Garonne est une catastrophe écologique et un avertissement qui n’est pas sans frais.
Comme il est d’usage dans cette série noire d’incendies industriels qui éclatent en France en toutes saisons et en tous lieux, la préfecture a dégainé 2 communiqués Doliprane le jour même et le lendemain certifiant que le sinistre n’a pas eu d’incidence sur l’eau potable, la qualité de l’air et les poissons. Le “tutto va bene” de l’Autorité est consolidé par l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques), le bras droit de l’Etat spécialisé dans l’atténuation psychologique des risques industriels.
Pour autant, la Direction Générale de la Prévention des Risques industriels (DGPR) du ministère de l’Ecologie avait en 2024 considéré comme prioritaire 5 à 10 inspections par région de grossistes en produits 3D ciblant en particulier l’aptitude des personnels à manipuler, stocker, gérer les insecticides, les rodenticides et les avicides (tueurs d’oiseaux) “dont les mésusages peuvent entraîner des effets néfastes sur la biodiversité via des empoisonnements primaires et secondaires”.
Il y aurait eu 63 inspections de site de produits 3D en 2024. En France métropolitaine, le seul rapport auquel Robin des Bois a eu accès (agence Rentokil de Rouen) constate que certains produits périmés ne sont pas expédiés en temps voulu dans les filières déchets dangereux ou sont orientés vers des centres de transit non autorisés. Il confirme que certains produits profitent de brouillaminis réglementaires pour se soustraire à l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) de l’Anses ou que les étiquetages ne sont pas conformes aux prescriptions de l’AMM. D’autres axes d’amélioration ont été identifiés comme la formation de lutte contre l’incendie.
Robin des Bois souhaite que la préfecture de Haute-Garonne et de la région Occitanie communique sur son site internet les rapports des visites de l’Inspection des installations classées chez les grossistes en 3D réalisés en 2024 conformément aux instructions de la DGPR et notamment, s’il a été réalisé, le rapport de visite de l’agence Rentokil de Toulouse.
Robin des Bois sollicite aussi de la préfecture le déclenchement de la circulaire du 20 février 2012 relative à la gestion des impacts environnementaux et sanitaires d’événements d’origine technologique en situation post-accidentelle. Rentokil doit réaliser à ses frais un diagnostic évaluant dans un périmètre convenu avec la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) le flux et la dangerosité des substances toxiques et des sous-produits de décomposition thermique déposés dans l’environnement à la suite de l’incendie.
Rentokil est un des leaders mondiaux des produits 3D. Rentokil Toulouse annonce que ses services ne sont pas interrompus et que ses produits sont disponibles dans d’autres dépôts.
Mise à jour – 12 mars 2025
Le communiqué de la Préfecture de la Haute-Garonne en date du 7 mars 2025 dit que “le seuil de déclaration d’une ICPE requis concernant le volume d’entreposage est de 5.000m3” au titre de la rubrique 1510 de la nomenclature des ICPE et que “l’examen des plans de l’entrepôt montre un volume des cellules dédiées au stockage de 4.300m3“. A 700m3 près, RENTOKIL INITIAL échappe au statut ICPE. Comme Robin des Bois l’a dit dans son premier communiqué, l’avis de l’INERIS sur la dangerosité de l’incendie était compulsif. Il se basait sur un chiffre théorique de 300 kg de produits dangereux brûlés. Ce chiffre (toujours théorique) est maintenant passé à 900 kg.
Actu Environnement dans son article du 10 mars, remarque que la Préfecture de Haute-Garonne dans ses 3 premiers communiqués post-incendie avait avancé une superficie de 2000 m2, ce qui aurait alors abouti à un volume d’entreposage de 7200 m3 et aurait fait monter Rentokil sur l’échafaud de l’ICPE.
Mais il serait injuste de reprocher à la Préfecture cette relative indécision puisque l’entrepôt principal de Rentokil dans la région Occitanie a par malheur, selon Actu Environnement, échappé à une inspection dans le cadre de l’action prioritaire 2024 demandée par la DGPR dans les sites 3D. 22 établissements ont été inspectés en 2024 en Occitanie mais l’agence régionale de Rentokil à Toulouse y a échappé.
Robin des Bois a sollicité à plusieurs reprises la Préfecture de Haute-Garonne et la Préfecture d’Occitanie pour obtenir communication des rapports de visites de ces 22 dépôts 3D contrôlés ou du moins les liens qui nous permettraient de les obtenir rapidement mais à ce jour aucune réponse ne nous est parvenue.
