Paris Métropical

19 déc. 1996

Objet : Inauguration de la Bibliothèque Nationale

 

– Après l’estampillage par Robin des Bois en décembre 1994 de 21 bancs en bois d’Amazonie implantés sur les Champs-Elysées, la ville de Paris a réclamé devant la
14 ème chambre correctionnelle du Palais de Justice de Paris 296.547 francs de dommages et intérêts justifiés par un devis de l’entreprise Decaux, spécialiste européen de l’embrouille et du mobilier urbain.

– Dans le cadre de la campagne de Robin des Bois, les maires de Munich, Francfort, Heidelberg, Cologne, Edimbourg, Manchester, Birmingham, Amsterdam et Bâle ont écrit en été 1995 au maire de Paris pour lui demander de signer une charte sur les restrictions d’utilisation des bois “exotiques” dans les édifices publics. Aucune de ces petites villes européennes n’a reçu de réponse de l’Hôtel de Ville de Paris.

– En février 1996, après plusieurs mois de demande d’audience, l’adjoint au maire de Paris chargé de la protection de l’environnement a bien voulu demander à une de ses assistantes de recevoir pendant quelques minutes les responsables de Robin des Bois, soucieux de connaître la position de la ville de Paris en ce qui concerne l’utilisation de bois tropicaux pour les bancs des jardins publics, la Bibliothèque Nationale de France et le réseau de la RATP.
La désinvolture de la mairie de Paris à l’égard de la protection des forêts tropicales est une illustration parfaite de l’incompétence globale des édiles parisiens dans le domaine de la protection de l’environnement.

Demain, le Président de la République inaugurera à nouveau la Très Grande Bibliothèque. Il l’a déjà fait le 30 mars 1995, en tant que maire de Paris. Du plus haut niveau de l’Etat, il pourra observer qu’à tous les rayonnages de la super bibliothèque “la bonne gouvernance” de l’Etat français et l’innovation nostalgique des architectes ont imposé l’utilisation des bois exotiques, au détriment d’autres matériaux et de la sylviculture française.
– L’esplanade a été arrachée à l’Amazonie. Pour 8 hectares de plancher et d’emmarchements, 800 arbres adultes ont été abattus. En se référant à une densité moyenne d’un arbre par 10 hectares dans les biotopes où l’ipé est disséminé, c’est environ 8.000 hectares de forêt amazonienne qui ont été dégradés par l’extraction de l’ipé.
– 110.000 m2 de double placage d’okoumé sont utilisés pour les volets intérieurs de chacune des tours. Au Gabon, l’exploitation des peuplements intérieurs d’okoumé, oblige à percer et à rectifier les forêts de plaine et de montagne qui abritent des éléphants et des chimpanzés. La pénétration des nouvelles concessions forestières facilite le braconnage et le commerce illégal d’espèces protégées.
– Le mobilier, les parquets, l’habillage des bétons sont en doussié, arbre à croissance lente, principalement extrait au Cameroun. La quantité de doussié utilisée pour le chantier de la TGB dépasse le volume annuel exporté en 1992 par l’ensemble de tous les pays de l’aire de distribution.

Pour justifier leurs choix, promoteurs et architectes mettent en avant que ces espèces ne sont pas protégées par les conventions internationales et que les arbres ont été abattus selon des techniques d’extraction sélectives et durables. Cette affirmation s’appliquant à des contrats passés en 1992 relève du marketing vert et discrédite les écocertifications que s’accordent unilatéralement les compagnies forestières.

C’est le CIRAD – Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement – qui a été chargé par les concepteurs de la TGB du choix des essences et du contrôle qualitatif des bois réceptionnés.

A Rennes, à Châlons-sur-Saône, à Montpellier, à Reims, à Lyon dans de nombreuses communes de France grâce à la société Urba France, installée dans la Sarthe et spécialisée dans le mobilier urbain, le bois tropical avance et dans toutes les forêts tropicales, les tribus – Penans, Indiens, Pygmées- reculent.

Mais la ville de Lille et l’ensemble du Nord-Pas-de-Calais vont renoncer à l’utilisation des bois tropicaux, dans le cadre d’une charte “chantiers propres” définie par le Conseil Régional. L’architecte de la TGB a été obligé de renoncer à une promenade en amarante le long des rives de la Garonne à Bordeaux – la promenade sera réalisées en pin –
Pour ses projets allemands et autrichiens, notamment à Berlin et à Salzbourg, le même cabinet a dû préalablement s’engager à renoncer à l’utilisation des bois tropicaux.

 

 

 

 

Imprimer cet article Imprimer cet article