Port 2000: trafic de risques

9 mai 2000

Objet: le Havre – port 2000 – Dernier jour de l’enquête publique

 

Le comblement partiel de l’embouchure et de l’estuaire de la Seine par Port 2000 générerait des risques pour la sécurité publique et maritime qui, dans le cadre du débat public (novembre 1997 – mars 1998), des réunions de la Maison de l’Estuaire (mai 1998 – novembre 1999) et des réunions de la Commission de Suivi de la préfecture, ont été occultés avec constance par le Port Autonome du Havre et les services de l’État.

Robin des bois n’attend pas du Port Autonome du Havre, ni de la Chambre de Commerce et de l’Industrie du Havre qu’ils prennent en compte avec sincérité et compétence la qualité des ressources en eau et l’avenir des ressources marines, des oiseaux et des espèces végétales établies sur l’emprise industrialo-portuaire du Havre (6.415 hectares). La supercherie de la “réserve naturelle” gorgée ou irisée d’hydrocarbures clandestinement stockés, dont des déchets de la marée noire de l’Amoco Cadiz, est là pour le confirmer, de même que les contaminations des sols, canaux et bassins.
Mais Robin des Bois attendait cependant du Port Autonome du Havre, des autorités maritimes, du Ministère des Transports et des services déconcentrés de l’État qu’ils évaluent les risques pour la sécurité maritime dûs à la modification des courants, de la houle, des accès nautiques et de la sédimentologie de la baie de Seine.

La sécurité maritime est en effet la grande absente du volumineux dossier d’enquête publique. Le chapitre manquant est expédié en quelques lignes éparses et dérisoires au regard des efforts à mener et de l’inquiétude des populations littorales après l’accident du Katya dans le port du Havre en août 1997, et le naufrage de l’Erika en décembre 1999. On y apprend avec un menu plaisir qu’un amendement à l’arrêté préfectoral 33/95 “spécifiera les conditions de navigation dans Port 2000 et son accès”. On y découvre avec consternation que la taille des navires et la nature de leurs cargaisons ne font pas partie des critères prioritaires de la sécurité des accès nautiques tels qu’énumérés dans l’étude d’impact. Les comptes rendus de la “Commission Nautique” présidée par le Préfet Maritime de Cherbourg ne sont pas joints au dossier.

De même, dans le domaine des risques industriels, les effets des accidents dans le stockage de produits pétroliers de la Compagnie Industrielle Maritime (5 millions de tonnes de capacité), dans le port pétrolier du Havre, ou dans Port 2000 ne sont pas développés, loin s’en faut. Ces 3 activités seraient groupées et ne font l’objet d’aucune étude de danger globale. Chacune d’entre elles est explicitement citée par la directive européenne dite Seveso II relative à la maîtrise des dangers liés aux accidents majeurs liés à des substances dangereuses. Un manque d’approfondissement et d’anticipation qui illustre la faiblesse de la culture de sûreté dans les concentrations portuaires et industrielles et leurs voies d’accès, et qui sera porteur de catastrophes humaine, économique et écologique.

Dans un premier temps, le Port Autonome du Havre envisage de faire procéder à l’extraction des engins de guerre explosifs gisant par le fond près des stockages pétroliers et de “les transporter en dépôt en mer ouverte” (appel d’offres du 18.02.2000). Ces grandes manoeuvres seraient préliminaires au dragage de 40 millions de tonnes de sédiments pollués et à leur immersion en face de la ville du Havre.

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