Quel avenir pour le Christos XXIV et le Varzuga ?

18 juin 2021

Mise à jour 18 juin 2021
Le Christos XXIV a repris la mer le mardi 15 juin à 17h en direction de Las Palmas (Canaries, Espagne). Le remorqueur de 50 ans, ses 8 marins philippins et ses 2 officiers grecs seront restés au Havre durant 1 mois et 8 jours.
Le Christos XXIV est parti seul, laissant quai Joannès Couvert le Varzuga. Les discussions sont toujours en cours entre le propriétaire du vieux navire russe, les autorités maritimes et un chantier de démolition français. Le Varzuga devra être accompagné dans le chantier de démolition de son passeport vert qui lui faisait défaut au départ de Mourmansk. Le passeport vert est une cartographie accompagnée d’une estimation des quantités de matières dangereuses sur le navire en fin de vie.
L’immobilisation du Varzuga devrait prendre fin dans les 10-15 jours.

Le Christos XXIV à la sortie du port du Havre le 15 juin 2021

 

31 mai 2021

Le port du Havre est confronté à un scénario que même la bande dessinée Tramp n’a pas imaginé.

 

Le remorqueur Christos XXIV tracte depuis Mourmansk en Arctique jusqu’à un chantier de démolition en Turquie l’ex-pétrolier russe Varzuga. Au large de Cherbourg, la remorque se casse. Le Varzuga part à la dérive. Il est repris en main grâce à l’intervention du remorqueur d’assistance et de sauvetage Abeille Liberté mobilisé par la préfecture maritime.

 

© Marine Nationale – Lumir Lugue

 

Le Varzuga est remorqué vers la zone refuge de la baie de Seine. Le Christos XXIV rétablit sa remorque. Sous la surveillance de l’Abeille Liberté et avec l’assistance des remorqueurs portuaires et d’un pilote, le convoi rejoint le port du Havre le 7 mai 2021.

 

 

Christos XXIV et Varzuga, Le Havre, 14 mai 2021 © C. Nithart/Robin des Bois


Aujourd’hui, le Christos  XXIV et le Varzuga restent cloués à quai. Ils sont immobilisés par des litiges financiers. Le Christos XXIV fait l’objet de saisies croisées émanant en particulier de l’armateur de l’Abeille Liberté ou de son affréteur la Marine Nationale, du consignataire havrais Humann & Taconet mais aussi du propriétaire de la coque du Varzuga, un marchand de biens de nationalité russe, sans doute un de ces chercheurs de navires en fin de vie dans les ports du monde entier, autrement dit un rabatteur d’épaves en liaison avec les chantiers de démolition.

 

Varzuga, Le Havre, 14 mai 2021 © J. Bonnemains /Robin des Bois


Le Varzuga fait également l’objet d’une saisie par l’armateur néerlandais (ou russe) du Mustang, un autre remorqueur venu à la demande expresse de l’armateur du Christos XXIV en soutien des opérations du convoi. Le Mustang a rejoint l’attelage alors qu’il était à proximité de la zone refuge de la baie de Seine le 5 mai. Il a quitté la zone d’opération quand les citernes d’hydrocarbures du Havre étaient en vue.

 

Le Mustang à Eemshaven aux Pays-Bas, le 16 janvier 2021 © Frits Olinga


Le Christos XXIV appartenant au groupe grec Spanopoulos basé à Salamine bat pavillon du Panama. Ses deux officiers sont grecs. Huit marins sont philippins. Si la situation du Christos XXIV s’enlise au Havre, ces huit expatriés risquent de ne plus être payés et d’être abandonnés.

 

Christos XXIV, Le Havre, 14 mai 2021 © J. Bonnemains/Robin des Bois

Christos XXIV, Le Havre, 14 mai 2021 © J. Bonnemains/Robin des Bois

Christos XXIV, Le Havre, 14 mai 2021 © C. Nithart/Robin des Bois


Le Varzuga s’appelait avant le Uikku et la coque en porte encore les marques. Le Uikku, construit en 1977 en Allemagne de l’Ouest pour le compte d’un armateur finlandais, a été racheté en juillet 2003 par la Murmansk Shipping Co. et a été baptisé Varzuga du nom d’un fleuve dans l’oblast de Mourmansk. Il est dès lors dédié au transport d’hydrocarbures pour ravitailler les ports civils et militaires de l’Arctique russe. En mars 2019, il passe sous contrôle de la JSC Bunker Company basée à Arkhangelsk.

 

Varzuga, Le Havre, 14 mai 2021 © J. Bonnemains /Robin des Bois

 

Le 29 mars 2020, il tombe en panne de propulsion et il est remorqué entre l’estuaire de l’Ob et Mourmansk par le brise-glace nucléaire Vaigach. Le Varzuga est irréparable. Il est âgé de 44 ans. L’âge moyen des pétroliers qui partent à la casse est aujourd’hui de 29 ans.

 

Quel avenir pour le Christos XXIV ? Âgé de 50 ans, il est sous-équipé pour convoyer des cargos de la taille du Varzuga sur des trajets transocéaniques. Son armateur semble en difficulté financière si l’on en juge par les dettes accumulées depuis l’échec du remorquage du Varzuga.

 


Christos XXIV, Le Havre, 14 mai 2021 © C. Nithart/Robin des Bois

 

Quel avenir pour le Varzuga ? Il apparaît un peu long pour être démoli dans le chantier Gardet & De Bezenac (filiale de Baudelet) agréé par l’Union Européenne dont le plan de charge est déjà rempli par des coques de la Marine Nationale. La destruction se fait à flot. Il y aurait des risques de déversement d’hydrocarbures. Il pourrait éventuellement être démoli par le chantier agréé des Recycleurs Bretons/Navaleo à Brest à la condition qu’une cale sèche et l’inventaire de tous les hydrocarbures et autres déchets d’exploitation dans l’Arctique russe soient disponibles.

 

Varzuga, Le Havre, 14 mai 2021 © J.Bonnemains/Robin des Bois

A suivre !

et à lire le communiqué « A la Remorque » de Robin des Bois du 6 mai 2021

 

Christos XXIV, Le Havre, 14 mai 2021 © C. Nithart/Robin des Bois

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