SOS Polmar

16 mars 2001

23 ans jour pour jour après l’Amoco Cadiz, 15 mois après l’Erika, et 4 mois après le Ievoli Sun, le littoral français est toujours privé de moyens de lutte adaptés à la rapidité, à la gravité et à la diversité des pollutions accidentelles en provenance des navires. Les réponses ou les absences de réponse des préfectures aux courriers de Robin des Bois et les avis de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) dressent un constat : les plans Polmar Terre sont en cours de révision et leurs mises en conformité avec la circulaire du 17 décembre 1997 fait l’objet de concertations entre les services de l’État, et éventuellement les maires.

Les 8 centres de stockage Polmar de la métropole ont du mal à s’y retrouver. Des barrages flottants et des moto – pompes sont partis en janvier 2000 de Marseille, de Sète, de la Gironde, de Brest, et du Havre vers le littoral de la Loire – Atlantique, du Morbihan et de la Vendée pour la marée noire de l’Erika, et ils ont été en partie transférés en décembre 2000 sur Cherbourg pour contribuer au plan Polmar Terre du Ievoli Sun qui est toujours activé. Il est estimé que le tiers des barrages flottants utilisés pour l’Erika est à réformer, le reste est en cours de nettoyage. Malgré les achats récents de matériels, les centres Polmar ont aujourd’hui moins de moyens d’intervention qu’en 1996. A terme, les barrages flottants devraient passer de 36 km à 54 km pour la métropole et l’outre mer, répartis en 5 types non compatibles, pour un linéaire côtier de plusieurs milliers de kilomètres.

Aujourd’hui, certaines zones particulièrement exposées ont des stocks particulièrement réduits. A Dunkerque, 300 mètres de barrage seraient disponibles. La Haute-Corse et Bastia en sont totalement privés.

En deuxième ligne, ça ne va guère mieux. Les inventaires des sites biologiques, touristiques et économiques à préserver en priorité ne sont pas terminés. Ni dans la circulaire, ni dans la révision des plans Polmar Terre, il n’est fait référence à la protection des sites industriels dont la sécurité peut être mise en cause par des accidents maritimes, comme les centrales nucléaires qui ont des prises d’eau en mer.

Seule la préfecture des Bouches du Rhône, alertée par la sous – préfecture d’Istres et la mairie de Martigues, a engagé un mois après le naufrage de l’Erika une démarche active de préparation à la marée noire. Elle aboutit à l’établissement dans chaque commune d’un plan infra – Polmar et de fiches réflexes qui faciliteront la coordination entre les multiples services compétents. Le sites retenus pour le stockage sont la cimenterie Lafarge à la Malle, l’incinérateur de déchets industriels de Solamat à Fos-sur-Mer, et la raffinerie Shell de l’étang de Berre.

La circulaire Polmar n’est applicable qu’à la France métropolitaine. Les Terres Australes et Antarctiques françaises, Saint – Pierre et Miquelon, la Réunion, la Polynésie française, Mayotte, la Martinique et la Guadeloupe n’ont pas de plan de secours spécialisé. Néanmoins, la Guyane a entrepris l’élaboration d’un plan Polmar et la Nouvelle Calédonie est le seul littoral français à disposer aujourd’hui d’un plan fini. Même les sites de stockage des déchets y sont inventoriés. Il s’agit de dépôts Total “ désaffectés ”. Mais en Nouvelle Calédonie comme ailleurs, les moyens d’intervention Polmar, essentiellement adaptés à la récupération ou au stockage des déchets d’hydrocarbure, manquent d’envergure et souffrent d’une maintenance précaire. Les déchets chimiques ne sont pas pris en compte.

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