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Argentré-sur-Moabi

20 oct. 1998

Dans le cadre d’une campagne d’information animée par le collectif “Agir Ici pour un monde solidaire”, l’association Robin des Bois a effectué un voyage d’observation de la filière bois à l’Est et au Sud-Est du Cameroun.

Filiale du groupe Pasquet, la concession R. Pallisco basée à Messamena a particulièrement attiré notre attention.  750.000 hectares de forêt primaire y ont été exploités depuis 1972 avec l’aide de sociétés satellites. La production annuelle est d’environ 85.000 m3, Pallisco est au Cameroun le plus gros exploitant de moabi (Baillonella toxisperma). Cet arbre est vital pour les populations pygmées et bantou du Sud-Est Cameroun. C’est à la fois un arbre alimentaire dont les amandes sont pressées pour obtenir la seule huile disponible en milieu forestier. L’écorce est utilisée comme remède traditionnel polyvalent et c’est un arbre culturel qui tient sa place dans les communautés villageoises. Depuis mai 1994, l’étude de l’utilisation du moabi dans l’Est Cameroun a montré que les peuplements sont de faible densité et que la croissance est lente. C’est un arbre très grand, jusqu’à 60 m de haut et 5 m de diamètre émergeant au-dessus de la canopée qui fait la fierté des villages et constitue un point de repère important dans les rapports de proximité. En 1997, la coupe d’un moabi géant par un sous-traitant de Pallisco a été ressentie par la communauté villageoise bantou de Bareko comme une atteinte directe au paysage et au mode de vie. La loi du Cameroun interdit pourtant la coupe des moabis dans un rayon de 5 km autour des villages. La coupe illégale des moabis et le braconnage dans la réserve voisine du Dja sont tolérés par Pallisco. De même Pallisco exploite les talis (Erythrophleum ivorense) qui ont eux aussi pour les populations locales des vertus médicales.

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Evaluation de l’impact social et environnemental de la filière bois au Cameroun – 1998

1 mars 1998

Évaluation de l’impact social et environnemental de la filière bois au Cameroun – mars 1998 (pdf 7,7 Mo, 81 pages sans les annexes)
+ Annexes (1,4 Mo, 12 pages)

filiere-bois-cameroun-robindesbois-1998Photo JP Edin/Robin des Bois

Robin des Bois a récemment effectué un voyage d’observation au Cameroun. A l’issue de ce voyage qui a été en partie financé par l’UICN-Hollande, nous avons rédigé le rapport ci-joint.

RESUME : l’exploitation des forêts primaires au Cameroun se fait sans étude d’impact et sans plan de gestion. Elle perturbe gravement les écosystèmes dans leur ensemble, et le mode de vie des populations locales. La majorité des exploitants tolèrent ou facilitent l’accès des braconniers dans leurs concessions. La non-observation des lois camerounaises, en particulier sur le diamètre minimal d’exploitation des arbres et sur le respect des limites de coupes, est chronique. L’abattage des arbres et le débardage s’effectuent au prix de nombreuses dégradations qui compromettent tout espoir de régénération des massifs. L’emploi répétitif de pesticides sur les grumes en forêt et dans les parcs de stockage pollue l’environnement de façon persistante. Les rendements des scieries sont insuffisants, faute de matériels performants. Les déchets de sciages ne sont généralement pas valorisés, ni même distribués, mais brûlés à l’air libre. Tout l’encadrement est confié à du personnel européen. Les tensions sont parfois vives entre ces cadres et les ouvriers camerounais. Le transport intérieur par camions-grumiers est meurtrier. Les entreprises françaises sont très présentes et exploitent au Cameroun des ressources forestières qui sont transformées en Bretagne et en Vendée. Les intérêts français sont aussi liés au transport maritime international à travers la filiale SCAC-Delmas-Vieljeux (SDV) du groupe Bolloré.

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