Pour une filière d’élimination des vestiges de guerre
Les déchets des guerres ont encore tué. 2 démineurs dans l’Est de la France, une des régions les plus touchées par l’éparpillement, l’abandon ou la collection de munitions chimiques ou explosives datant des conflits de 1870, 1914, et 1939. Début avril 2007, 6 tonnes d’obus ont été retrouvées dans des domiciles privés à Verdun. L’un des collectionneurs avait été tué à la suite d’une manipulation le 29 mars. Un autre arsenal de munitions résiduelles a été mis à jour près de Pont-à-Mousson, dont une caisse de grenades, en janvier 2007. Depuis le début de l’année et dans la même région, des obus ont été découverts dans des chantiers, ou déposés la nuit devant les déchetteries ou les commissariats de police ; les obus orphelins sont aussi omniprésents dans l’Ouest, le Nord et le Sud de la France et le resteront selon les prévisions au moins jusqu’en 2700. Ils menacent la sécurité publique et impactent l’environnement pendant leur longue phase de corrosion et de décomposition.
Les guerres n’ont pas de fin
Suite à la mort d’un enfant mutilé par l’explosion d’un vestige de guerre, l’association Robin des Bois rappelle qu’elle a diffusé en mai 2003 un inventaire des découvertes de munitions non-explosées dans le Nord-Pas-de-Calais depuis l’évacuation de Vimy en avril 2001. Cet inventaire montrait que la région Nord-Pas-de-Calais était l’une des plus touchées en France par les risques résiduels des 2 dernières guerres.
Face à cette profusion de risques explosifs et chimiques, Robin des Bois écrivait le 2 mai 2003 au préfet de région que “la cartographie des découvertes révèle des concentrations autour de Lille, Roubaix, Tourcoing, Lens, et sur l’ensemble de la côte entre Berck et Dunkerque”. Le courrier rappelait que les enfants constituent une des populations les plus exposées aux risques et suggérait de développer l’information pédagogique en milieu scolaire.
Pas d’Armistice pour les vestiges de guerre
Les munitions abandonnées sur le sol français par les belligérants des trois dernières guerres sont des déchets industriels en manque de filière. Elles sont soumises à des découvertes inopinées, des stockages confus, à des centres de destruction très éloignés des centres de “production”, et à des transferts inattendus – c’est ainsi qu’on retrouve des bombes dans les déchetteries, des grenades dans des sacs de patates originaires du nord de la France, un obus dans un lot de sable marin livré à un centre équestre -. La loi du silence s’applique à ces objets et substances. Il est impossible de connaître l’état des stocks des ex-munitions chimiques et dans le même temps des Armes de Destruction Massive sont quasiment abandonnées en plein champ, comme à Mars-la-Tour (54), en contradiction avec la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage, de l’emploi des armes chimiques, et sur leur destruction. Ces abandons exposent l’environnement et la sécurité publique à des risques de pollution, de vols et de chantages. La construction et même la localisation d’une usine de destruction de ce type de munitions est toujours différée. Avant leur libération dans le civil, les emprises militaires désaffectées ne font l’objet que d’une dépollution de surface et de sub-surface jusqu’à 50 cm de profondeur, laissant aux promoteurs la responsabilité de la dépollution en sous-sol.