La marée noire déménage à Herbignac
Après l’épisode grotesque et consensuel du dragage des ports du Croisic et de la Turballe, et l’immersion des déchets à quelques centaines de mètres du littoral, survient l’enlèvement de 26.000 tonnes de rochers estampillés “Erika” vers la carrière de la Clarté, dans le parc régional de la Brière.
Encore une fois sans enquête publique, et sous le couvert d’une urgence préfabriquée par un montage d’appels d’offres infructueux, des grandes manoeuvres et des grossiers coups de balais dont se félicitent élus, hôteliers et en l’occurrence les paludiers, masquent des risques sanitaires et environnementaux.
Les scandales du Prestige
1- Information du public.
Les enseignements du naufrage de l’Erika et de la ramasse des déchets sur le littoral breton et vendéen n’ont pas atteint les rivages de la Galice. Des bénévoles et en particulier des enfants sont mobilisés sur la portion du littoral souillée par les premières arrivées d’un fioul toxique, susceptible au contact de créer des allergies, des troubles cutanés, et à l’inhalation des troubles respiratoires. Il importe donc de rappeler que les enfants, les personnes vulnérables avec une prédisposition asthmatique ou dermatologique, et les femmes enceintes doivent être systématiquement tenus à l’écart. Ce type de fioul contient des Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques cancérigènes.
TOTAL veut mouiller l’Etat
Fin décembre 1999, 15 jours après le naufrage de l’Erika, Total s’est engagé à traiter les déchets ramassés sur le littoral. Le choix des filières d’élimination devait être annoncé à la mi-juin et les travaux préliminaires immédiatement lancés. 200 millions de francs ont été provisionnés à cet effet, une somme sans doute insuffisante au regard des 250.000 tonnes de déchets qui seront stockés d’ici la fin de l’été, auxquels s’ajouteront les matériaux de décontamination des criques et rochers qui reprendront à la rentrée.
Les effets spéciaux de TOTAL
L’armada TOTAL se déploie sous les sunlights et emmène sur la croisette atlantique les journalistes et les écologistes ébahis par ce festival de flexibles et de mercenaires de l’offshore international. TOTAL fait la star grâce au scénario écrit avec le gouvernement et la préfecture maritime de Brest. Les autorités françaises ont mis de côté la loi du 7 juillet 1976 relative à la prévention et à la répression de la pollution marine. Elles ont omis de mettre en demeure l’armateur de l’Erika ou TOTAL de procéder au traitement des pollutions, au renflouement des épaves, et au ramassage des déchets sur le littoral. De telles procédures ont été enclenchées par les préfets maritimes ou les préfets de département, notamment à l’égard de Ciba-Geigy, producteur de pesticides échoués sur le littoral en 1993.
L’Amoco Cadiz sur les bords de Seine
Le Havre
Après le naufrage de l’Erika, Robin des Bois a remis à jour plusieurs milliers de tonnes de déchets de l’Amoco Cadiz sur les rives de la Loire, diffusé une cartographie des sites de stockage des déchets des marées noires en Bretagne, et constaté que plusieurs de ces sites sont dangereux pour l’environnement. Le 28 février, le Premier Ministre a annoncé que 20 millions de francs allaient être consacrés à la surveillance et la mise en sécurité de stockages des déchets des marées noires antérieures.