Un ex cargo nucléaire part à la casse à Alang
Sans tambour et sans trompette, l’Allemagne, pionnière en Europe de l’application de l’énergie atomique à la propulsion des navires, a laissé partir à la démolition manuelle dans la baie d’Alang en Inde son ex-Otto Hahn mis en exploitation en 1967. Symbole de l’échec de la première vague de navires marchands à propulsion nucléaire, l’Otto Hahn a été reconverti en cargo conventionnel en 1980. Le réacteur nucléaire de 38 MW a été enlevé, mais il est légitime de suspecter après treize ans d’exploitation que des éléments internes de la structure de l’ex-Otto Hahn aient été contaminés ou irradiés par des rejets ou des rayonnements non maîtrisés. Le navire a été victime d’un accident nucléaire majeur en août 1973 quand deux assemblages combustibles du réacteur se sont fissurés.
Fin de l’Histoire pour le dernier trois-mâts nantais
L’ex-Oiseau des Iles construit par Dubigeon en 1935 a été envoyé à la casse après plusieurs années d’abandon à Trinidad dans les Caraïbes.L’histoire mouvementée et valeureuse de ce fleuron de la construction navale va de l’estuaire aux Antilles en passant par le Pacifique Sud, la Polynésie et la côte Ouest du Mexique.
Bulletin « A la Casse » n°17
En février 2009, « en raison d’une visibilité réduite due au brouillard » le chimiquier Kashmir chargé de 30.000 t de condensats destinés à la fabrication des matières plastiques entre en collision avec le porte-conteneurs Sima Saman à 13 km au large de Dubaï. L’incendie qui se déclare ne sera maîtrisé que dans la soirée. Une colonne de fumée noire recouvre toute la journée la zone industrielle et le port de Jebel Ali, au sud de la ville de Dubaï. Après cinq mois d’attente, le Kashmir est vendu et remorqué pour démolition en Inde. Suies, liquides résiduels, matériaux fondus, amiante et PCB libérés, dioxines : les conditions de démantèlement des navires accidentés sont particulièrement dangereuses pour les travailleurs manuels.
Bulletin « A la Casse » n°16
La honte subsiste mais la scène du crime a disparu.
En octobre 1992, le Renata alors MC Ruby est la propriété de la société MC Shipping, une filiale du groupe monégasque Vlasov ; le gestionnaire du navire est V Ships, une autre filiale du groupe. Le navire charge au Ghana du cacao à destination du Havre, Amsterdam et Hambourg. Durant le voyage, neuf passagers clandestins sont découverts, dépouillés de leur argent et séquestrés dans le peak avant ; ils sont ensuite sortis de nuit sur le pont puis assommés et jetés à l’eau en pleine mer entre Takoradi et Le Havre. Le seul rescapé donnera l’alerte au Havre.Le 9 décembre 1995, à l’issue d’un procès de quatre semaines, le commandant et son second sont condamnés à la réclusion à perpétuité et trois autres membres de l’équipage ukrainien à 20 ans de détention. Ni le groupe Vlasov, ni ses filiales MC Shipping et V. Ships n’ont été condamnés, en dépit des conditions dégradées imposées à l’équipage et des nombreux trafics annexes mis en évidence sur le navire et connus de tous. Le lien substantiel entre les gestionnaires du MC Ruby et l’équipage n’a pas été retenu. Voir « Coke en stock », La Flèche, hiver 1996 et « Le désert des Barbares » communiqué de Robin des Bois, 9 décembre 1995.
Bulletin « A la Casse » n°15
Adieu Bangladesh, bonjour Philippines ?
Le 18 mars, la Haute Cour de Justice du Bangladesh a décidé la fermeture sous deux semaines des chantiers de démolition qui n’auraient pas de permis garantissant les normes environnementales, soit dans les faits tous les chantiers du pays ; la décision interdit également l’importation des navires qui n’auraient pas bénéficié d’une extraction préalable des polluants (amiante, PCB, métaux lourds, hydrocarbures…). Les industriels ont obtenu un délai de trois semaines pour préparer un appel contre cette décision. En attendant, les navires continuent d’arriver et d’être beachés à Chittagong. Il reste à voir comment cette décision va être suivie d’effet et si elle va inciter le gouvernement du Banglesdesh à mettre en place des normes et un suivi des conditions environnementales et sociales de démantèlement ou si le marché de la démolition ne va pas se déplacer : les armateurs japonais qui ont un surplus de navires à démolir en raison de la crise pousseraient le gouvernement des Philippines à se lancer sur le marché .