Tatihoust !

25 mai 2004

Le Tatihou, navire citerne de 780 tonneaux de jauge brut (L62,5 m) construit il y a 40 ans (1964) et à quai depuis plus de cinq ans sans entretien ni gardiennage au port de Cherbourg s’apprête à rejoindre l’estuaire de la Gironde afin de “subir des transformations” dans un chantier naval non-identifié.

Il subit actuellement une “toilette de mer”.

L’armateur Socatra est actuellement en négociation avec deux compagnies de remorquage, l’une cherbourgeoise et l’autre nantaise en vue de réaliser l’opération qui devrait avoir lieu en fin de semaine.
Cependant les assureurs et la société de classification (Bureau Veritas) hésitent à accorder l’autorisation.

Le Tatihou présente pourtant toutes les caractéristiques du navire poubelle en fin de vie; en effet, lors de la dernière visite (07/06/00) de la société de classification les inspecteurs ont noté “l’état général médiocre” des citernes de ballastage ainsi qu’une “corrosion importante, de multiples perforations et cassures au niveau de la coque”.

Autre constat inquiétant, le Bureau Veritas relève la présence d’amiante dans les matériaux fibreux du local machine et du local chaudière qu’il a pu inspecter, l’armateur ayant refusé le prélèvement d’échantillons dans certaines parties du navire.

Le Tatihou est le dernier navire de l’ex-COPAMAR, société installée à Cherbourg en 1996 et mise en procédure de liquidation judiciaire depuis 2000, ses deux autres pétroliers, l’ex-Goury (1976) et l’ex-Gatteville (1970) navigant actuellement sous pavillon grec et panaméen sous les noms de Aegean IX et Aegean V.

Le Tatihou était en fait affrété coque nue par la COPAMAR et son propriétaire, la compagnie Socatra, installée à Bordeaux, souhaite aujourd’hui le récupérer. Elle y est d’ailleurs invitée par une mise en demeure du port de Cherbourg qui a besoin de place à quai pour les cérémonies de la commémoration du débarquement de juin 1944.

C’est ce navire qui doit passer le Raz Blanchard, contourner la Bretagne, traverser le Golfe de Gascogne et remonter l’estuaire de la Gironde.

Outre les risques d’intempéries, de rupture de remorque, de naufrage et de pollution que présentent cette opération de remorquage hauturier d’une épave vulnérable à l’action des flots, on peut s’interroger sur la nécessité d’offrir une seconde vie à ce type de navire; même si l’une des hypothèses de reconversion consiste en sa transformation en locaux flottants de travail ou de loisir.

Une seule solution semble s’imposer : le déconstruction du Tatihou au port de Cherbourg ou dans ses alentours.

 

 

 

 

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