Un méthanier belge en carafe à Marseille

17 sept. 2015

Non loin du Corse, sur un quai mort, un autre navire est en attente de démolition. Déjà en sursis en 2007, frappé par la foudre à Zeebrugge en 2008, en arrêts techniques ou en relâche à Brest en 2013 et en 2014, le Methania est à Marseille depuis la mi-décembre 2014. Des travaux prévus au chantier naval de Marseille ont été remis à plus tard. Ils devaient durer 2 mois. L’obsolescence du Methania, la disponibilité d’unités plus grandes et plus économes en équipage et en carburant, le privent d’affrètements à long terme ou à court terme.

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Marseille, septembre 2015 © Pascal Bredel

Selon la revue spécialisée Tradewinds, le Methania fait partie du Top 15 des plus vieux méthaniers du monde. Il a été construit en Belgique en 1978. Il est géré par Exmar, compagnie belge spécialisée dans le transport de gaz. Exmar exploite une trentaine de navires, dont 14 méthaniers pour la plupart construits dans les années 2000. Le Methania est de loin le vétéran de sa flotte.

 

Les méthaniers de cette génération contiennent beaucoup d’amiante. Le passeport vert du Methania reste à ce jour confidentiel. Le navire belge suivra-t-il les mauvais pas du Descartes ou les bons du Tellier ?

 

En 2007, le Descartes, construit en 1971 à Saint-Nazaire, était désarmé à Marseille. Par courrier à Robin des Bois, son armateur Gaz de France confirmait la présence d’amiante à bord et affirmait vouloir « le démanteler en respectant scrupuleusement la réglementation en vigueur notamment relative à l’amiante » s’il ne trouvait pas preneur. Le Descartes fut soi-disant vendu « pour un nouvel emploi à un armateur asiatique de renom» qui s’empressa de débaptiser le navire à 2 reprises et de l’échouer pour démolition au Bangladesh.

 

En 2011, le Tellier, construit en 1974 à La Ciotat, patientait, lui aussi désarmé à Marseille. Le Ministère de l’Ecologie soulignait l’utilisation d’amiante lors de la construction et demandait expressément à GDF-Suez « de ne pas envisager l’envoi pour démolition dans un chantier asiatique » jugé « incompatible avec le cadre réglementaire applicable aux navires européens ». En juillet, le navire quittait Marseille pour Le Havre. Gaz de France maintenait le suspense quant à sa destination finale. Après plusieurs mois d’attente au Havre et une ou deux marques d’intérêt, le Tellier était finalement remorqué vers les chantiers Galloo de Gand, en Belgique, à l’été 2012.

 

Si l’hypothèse de la démolition du Methania se confirme, la Belgique, Etat du pavillon, la France, Etat du port et l’Union Européenne devront en vertu de leur stratégie de recyclage des navires veiller à ce qu’il soit dirigé vers « un chantier conçu, construit et exploité d’une manière sûre et écologiquement rationnelle, fonctionnant à partir de structures bâties et assurant une gestion sûre et écologiquement rationnelle des matières dangereuses et des déchets ». Des chantiers de ce type existent ou se développent dans l’Union Européenne. Les chantiers hors Union Européenne seront à éviter. Certes la stratégie de l’UE n’exclut pas le démantèlement dans des chantiers hors de son périmètre si la gestion, le stockage des matières dangereuses et l’élimination des déchets respectent des critères de protection de la santé humaine et de l’environnement « sensiblement équivalents » à ses normes. Mais le Methania recèle trop d’amiante et de matières dangereuses pour suivre ce plan B.

 

 

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