Vernon : un collège Ariane ou un collège Mercure

5 nov. 1998

Le collège Ariane ouvre aujourd’hui ses portes à 380 élèves à Vernon dans l’Eure. Construit sur un site industriel ouvert en 1902 et ayant abrité des activités de fonderie de cuivre et de traitement de métaux, le site industriel historique du collège Ariane a été ravagé par un incendie en 1926. “Le vaste atelier s’enflamma comme une traînée de poudre et les deux étages s’effondraient en un rien de temps”. En 1934, Wonder y installe son établissement pionnier spécialisé dans la fabrication de lampes de poches, de torches et de piles. En 1984, M. Bernard Tapie, accompagné de M. Séguéla, publicitaire, annonce à Vernon la reprise de Wonder, pour 1 franc symbolique et s’engage “à redresser cette vieille dame qui n’a pas su prendre le virage alcalin”. En effet, sur ses sites normands de Louviers, Vernon, Lisieux et Caudebec-les-Elbeuf, Wonder fabrique et assemble des piles au mercure. En 1988, les sites Wonder après des licenciements massifs sont vendus à l’équipementier américain Ralston. En 1993, Ralston ferme les sites de Louviers et de Vernon.

En 1994, le Conseil Général de l’Eure achète les terrains pour y construire un lycée en reconvertissant une partie des bâtiments industriels.
Le Conseil Général n’a pas saisi la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement) sur le problème des pollutions des sols, sous-sols, et des bâtiments.

De simples recherches de surface ont été effectuées et en réponse au courrier de Robin des Bois en date du 16 avril 1998, le préfet de l’Eure a répondu huit jours avant l’inauguration que “des sondages ont été réalisés dans les bâtiments de chaque activité et à l’extérieur au voisinage des bacs ou sur les dalles de stockage”. “Il en est ressorti que les teneurs constatées dans les échantillons sont très inférieures aux seuils européens admis”. “De même des prélèvements d’eau dans le forage d’alimentation en eau industrielle et dans le puisard près du parc de stockage montrent des teneurs inférieures aux normes des eaux potables”. Devant l’imprécision de ces informations, la faiblesse des conclusions des études diligentées par le Conseil Général et transmises à la préfecture de l’Eure, Robin des Bois s’indigne de cette reconversion et conseille aux fédérations de parents d’élèves de saisir l’Observatoire National de Sécurité des établissements scolaires rattaché au Ministère de l’Education Nationale afin que toute la clarté soit faite sur les risques sanitaires pour les élèves, et les personnels du collège Ariane. Les risques de contamination des nappes phréatiques pour les habitants et utilisateurs d’eau de l’agglomération de Vernon doivent être identifiés. La cartographie des polluants recherchés – hydrocarbures, solvants, PCB, cyanures et métaux toxiques- doit être connue de tous, conformément à la politique nationale en matière de traitement et de réhabilitation des sites et sols pollués. Le site Wonder de Vernon fait partie de l’inventaire régional en cours d’achèvement des sites potentiellement pollués en Haute Normandie et 5 sites de fabrication de piles sont inscrits au dernier inventaire national publié en 1997. Dans le cadre de la construction d’une bretelle autoroutière, 6000 tonnes de déchets divers provenant des sites Wonder ont été mis à jour en 1994 à Louviers, un dépotoir illégal démontrant que les déchets de Wonder étaient très mal gérés.

 

 

 

 

 

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