Y en a mare* !

15 janv. 2008

Plusieurs cargos en mauvais état sont tombés en avarie totale de machines dans la mer de la Manche depuis le début de l’année, exposant les équipages, les sauveteurs, les marins pêcheurs et l’environnement à des risques inutiles.

Par temps calme, les machines tombent en panne et les réparations se font tant bien que mal avec les moyens du bord et une sécurité minimale. Par gros temps, les cargaisons se désarriment et tombent à la mer, les navires en panne dérivent, gîtent et chavirent.

La semaine dernière, le chimiquier Mariella, 228 m de long, a chassé sur ses ancres dans la baie de Weymouth et a failli s’échouer alors que ses machines étaient en cours de réparation de fortune. Il a été d’extrême justesse pris en remorque par l’Anglian Earl et amené dans un port refuge (Portland). L’Anglian Earl, remorqueur de haute mer, se trouvait là par hasard. Le Mariella, (ex-Seafriend, ex-Sienna, ex-Dido et ex-Stadido), pavillon norvégien international, a été en 2 ans rappelé à l’ordre 24 fois par les Etats du port pour déficiences techniques. L’armateur est enregistré aux îles Marshall et le gestionnaire à Singapour.

Lundi 14 janvier, le Voyager, en avarie au large de Penmarc’h a été pris en remorque vers Brest par l’Abeille Bourbon. Son pavillon est maltais. Construit en 1985, il a été signalé dans le port de Kaliningrad en Russie en 2007 avec 6 déficiences techniques, dans le port de Rotterdam en 2006 avec 6, et dans le port d’Algesiras en 2004 avec encore 6 déficiences. Alors qu’il s’appelait Yellow Rose, il a été signalé à Port Hedland en Australie avec 5 déficiences techniques en 2002, à Vancouver avec 7 en 2002 et encore à Vancouver avec 8 déficiences en 2000. Lors d’un contrôle à Valparaiso en 2002, 7 déficiences techniques ont justifié sa détention.

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L’Ice Prince,armateur panaméen, vient de couler. Photo Marine Nationale

L’Ice Prince (ex-Sea Enterprise ex-Sea Enterprise II, ex-Forest Trader), pavillon grec (ex pavillon chypre), armateur panaméen, a été lui aussi, bien que de construction plus récente (1990), un abonné dès 1998 aux déficiences techniques. Il vient de couler avec 2.000 tonnes de charpentes de bois sur le pont, 3.000 dans les cales et 313 tonnes de fuel dans les soutes. La société de classification est Veritas. La visite quinquennale devait se faire en début d’année 2008. L’ISM (International Safety Managment), s’il existe était contrôlé par un organisme inconnu.

Tous ces navires ont en commun d’être de très grands coureurs des mers, exploités intensivement, négligés dans le domaine de la maintenance, aux mains de gestionnaires disparates et volages. Les objets flottants ou semi-flottants perdus par ces navires sont des dangers pour la navigation et pour la pêche; les épaves sont des sites sous marins contaminés par les fluides toxiques embarqués à bord. En conséquence, Robin des Bois demande à ce que les armateurs soient mis en demeure de renflouer les navires naufragés, et de récupérer les conteneurs ou résidus de cargaison et de fuel.

* mare: mer en latin

 

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