Annuler le contrat franco-russe de conversion et d’enrichissement de l’Uranium de Retraitement (URT)
Chaque année, l’usine de la Hague produit environ 1000 tonnes d’URT à partir des combustibles usés sortant des centrales nucléaires françaises. Le stock d’URT est aujourd’hui d’environ 27.000 tonnes. Le ré-enrichissement de l’URT pour en refaire des combustibles « neufs » ne peut pas se faire en France. La seule usine de conversion de l’URT en URE (Uranium de Retraitement Enrichi) est en Russie. L’économie circulaire du nucléaire français passe par Tomsk en Sibérie.
Renoncer à ce contrat franco-russe reviendrait à porter un coup fatal à la doctrine du retraitement des combustibles irradiés défendue coûte que coûte par la France depuis une cinquantaine d’années et justifiant l’existence de l’usine de la Hague.
Les contrats franco-russes de conversion de l’Uranium de Retraitement avaient été interrompus en 2013 après la visite d’une délégation du Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire (HCTISN) dans la ville secrète de Tomsk-7 en Sibérie (aussi connue sous le nom de Seversk). Robin des Bois faisait partie de cette délégation (1). Il s’est avéré que les conditions techniques et environnementales mises en œuvre en Russie n’étaient pas acceptables.
Face à la nécessité impérative de résorber les stocks d’URT, un nouveau contrat franco-russe a été signé fin 2018. Edouard Philippe, ex-Areva et alors Premier ministre, a œuvré à ce réchauffement des relations nucléaires franco-russes. Il a d’ailleurs reçu dans sa ville du Havre le Premier ministre russe Dmitri Medvedev en juin 2019 (2). Toutes les exportations d’URT depuis la France vers la Russie et toutes les importations de l’URE depuis la Russie vers la France se font à partir du port du Havre. Les transports maritimes ont repris début 2021.
EDF a pour objectif de résorber ses stocks d’URT. Elle entend charger en URE les quatre tranches de la centrale nucléaire de Cruas en 2023, plus 3 ou 4 réacteurs de 1300 MWe à partir de 2027. Selon la directrice de la division combustibles nucléaires d’EDF, le stock d’URT pourrait ainsi passer de 27.000 tonnes aujourd’hui à 12.000 tonnes en 2040.
Interrompre les importations de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) en provenance de la péninsule de Yamal en Arctique russe
Ce terminal gazier est opéré par Yamal GNL, propriété du russe Novatek (50,1%), de TotalEnergies (20%), de la China National Petroleum Corporation (20%) et du Fonds d’investissement du gouvernement chinois Silk Road Fund (9,9%). Une flotte de 15 méthaniers brise-glace d’une capacité de 170.000 m3 chacun a été spécialement construite pour exporter le GNL pour moitié en Europe pour moitié en Asie. En France et en Europe, le GNL russe est livré dans les terminaux gaziers de Dunkerque, Montoir-de-Bretagne, Milford Haven, Zeebrugge, Rotterdam, Sines et Bilbao notamment.
Tout est fait en France pour faciliter la libre circulation de ces méthaniers. Un récent projet d’arrêté élaboré par le Secrétariat général de la Mer directement rattaché au Premier ministre vise à autoriser dès le début de l’année 2023 la mise en cale sèche dans les chantiers navals de réparation de Brest, Dunkerque et Marseille de ces méthaniers géants quand bien même ils contiendraient encore dans leurs cuves des « volumes importants » de gaz. Cette première mondiale contournerait la directive Seveso et se ferait au détriment de la sécurité urbaine, industrielle, portuaire et du droit à l’information des citoyens (3).
(1) Dans la ville interdite de Tomsk-7, rapport de Robin des Bois du 26 juin 2012
(2) Publication Robin des Bois du 26 juin 2019
(3) Brest, tous aux abris, communiqué du 11 février 2022
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