Eurenco à Bergerac est un site industriel Seveso seuil haut. Il est connu à Bergerac et dans le département de la Dordogne sous le nom de “poudrerie”. C’était au départ une installation d’explosifs militaires fondée en 1915 pour répondre aux besoins en artillerie de la Première Guerre mondiale. Il fabrique aujourd’hui des explosifs à usages militaire et civil.
L’arrêté préfectoral du 7 juillet 2022 impose à Eurenco 68 prescriptions pour remédier à l’obsolescence des mesures de surveillance, de sécurité et d’organisation du site. Les dernières 94 pages ne sont pas communicables au public (1).
Trois semaines après la publication de cet arrêté, le 3 août 2022, un accident majeur dans un atelier de fabrication et de stockage de nitrocellulose a fait 8 blessés dont un grave. C’est le dernier d’une longue série après l’incendie de plusieurs bâtiments et la destruction de 1000 à 2000 tonnes de nitrocellulose en octobre 1980 (2).
A l’intérieur des 132 hectares de l’établissement pyrotechnique, il y a une ballastière polluée par différents types de poudres, un champ de tir avec au moins 2000 m3 de terres polluées, un gisement de dioxines sous un brûloir de résidus et une décharge de déchets industriels dont l’inventaire n’est pas encore connu. L’emprise d’Eurenco serait submergée en cas de rupture du barrage de Bort-les-Orgues en amont de Bergerac sur la Dordogne.
C’est dans cette poudrière que le président de la République a “posé la première pierre” d’une poudrerie nouvelle qui dans des délais précipités devrait produire 1800 tonnes de “matières énergétiques” entrant dans la construction des propulseurs d’obus.
Cet excès de vitesse échappe à toute consultation du public et s’inscrit dans la déclaration “d’économie de guerre” revendiquée par les plus hautes instances de la République.
Le 29 mars, le ministère des Armées a publié un décret sur les réquisitions des usines d’armement qui ouvre la voie à une augmentation obligatoire des cadences de production.
Cette contrainte obligerait la filière à recruter dans l’urgence du personnel inexpérimenté et à négliger les mesures basiques de sûreté et de sécurité à l’intérieur des usines et dans les transports de matières premières ou de produits finis.
L’économie de guerre va de pair avec un rationnement des mesures de protection de l’environnement et des populations civiles et ouvrières.
(1) Chapitre 2.7 de l’arrêté préfectoral du 7 juillet 2022
(2) “Explosion à la poudrerie de Bergerac : le précédent de 1980“, 3 août 2022
Lire aussi :
Les NaTech de l’été, 11 août 2022
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