Un cargo en haut de plage
TK Bremen, communiqué n°1
En s’appuyant sur l’article R304-11 du Code des Ports Maritimes (1), la capitainerie du port de Lorient -Morbihan- aurait pu procéder à l’ajournement de départ du TK Bremen. En effet, ce navire vieux de 30 ans avait atteint l’âge de la démolition, présentait dans son récent cursus des déficiences nombreuses -l’absence de panneaux de cale sur toute la partie avant telle qu’elle est démontrée par les photos aériennes pourrait en être une de plus. Il avait été récemment détenu dans un port russe et son armateur turc, propriétaire de deux navires anciens, ne fournissait pas d’emblée toutes les garanties de fiabilité. Le profil du TK Bremen était tel que les responsables de la sécurité et du trafic du port de Lorient auraient dû, au vu des périls imminents qu’il s’apprêtait à affronter dans un environnement maritime dangereux et riche en cultures marines, interdire son départ.
S’il n’a pas été recouru au Code des Ports Maritimes, c’est par imprévoyance ou réticence à ne pas dégrader auprès des armateurs une image bien établie de port libéral où les réglementations sont observées à minima. Cette position n’est pas particulière au port de Lorient.
L’autre scandale SeaFrance
Le syndicat CFDT occupe les car ferries de SeaFrance à Calais. Par contre il a laissé partir vers Alang le SeaFrance Cezanne et le SeaFrance Renoir.
Economiquement c’est une bonne opération. Quel que soit le repreneur de SeaFrance, il n’aura pas à assumer le démantèlement en Europe de ces deux car ferries pollués. Par contre, la vente des ex SeaFrance Cezanne et SeaFrance Renoir rapportera à SeaFrance, filiale de la SNCF environ 7 millions d’euros.
Quel que soit le repreneur s’il y en a un, la casse à Alang en Inde sera pour lui et pour ses caisses une bonne affaire.
Démolition des navires : pire que le Clemenceau
En dépit de la réglementation européenne sur l’exportation des déchets et des discours officiels vertueux, la fuite des navires européens vers les chantiers asiatiques continue. Le même tour de passe-passe se répète inlassablement : vente miracle à un « armateur » fantôme non européen, repavillonnage sous des couleurs complaisantes et mise à la casse incognito.
Derniers en date de ces navires européens à bout de souffle, les ex SeaFrance Renoir et SeaFrance Cezanne : le premier vient d’arriver à Alang, le deuxième y est attendu dans les jours qui viennent. Cas aggravant, les deux navires étaient propriété d’une filiale d’une société publique, la SNCF. Au-delà des déclarations d’intention, l’exemplarité des Etats fait une nouvelle fois défaut. Autres victimes françaises de l’inertie et de l’hypocrisie, les chantiers de démolition des navires demandés depuis l’affaire du Clemenceau par les associations écologistes, les syndicats, mais aussi le Grenelle de l’Environnement et le Grenelle de la Mer et qui sont restés à l’état de projet avorté.
La SNCF exporte des déchets en Inde.
SeaFrance, filiale de la SNCF, a vendu cet été dans le port de Dunkerque les car-ferries SeaFrance Cezanne et SeaFrance Renoir à deux compagnies panaméennes qui ont immédiatement procédé au remplacement du pavillon français par le pavillon de Belize.
Le Cezanne et le Renoir étaient désarmés depuis février et septembre 2009. Le Renoir rebaptisé Eastern Light est aujourd’hui en face de la baie d’Alang, attendant l’autorisation d’être échoué et découpé.
Cette issue tragique et particulièrement hypocrite a été fomentée par l’armateur français dont l’Etat est actionnaire à 100%.
Bulletin « A la Casse » n°25
Découvrir la terrible histoire du Canadian Miner parti en remorque vers la Turquie et cloué sur les rochers de l’île Scatarie, Nouvelle-Ecosse et celle de l’irakien Al-Zahraa le porte-chars de Saddam immobilisé pendant 21 ans à Bremerhaven et parti à la casse en Lituanie. Connaître l’odyssée du Monte Stello, le car-ferry corse, déclaré mort après un échouement en Sardaigne le 1er janvier 1994, la nuit de la Saint Sylvestre, ressuscité par la Norvège, revendu en Nouvelle-Zélande et détruit en Chine, l’histoire du Zoé, le paquebot grec qui n’a jamais navigué parti à la casse en Turquie. Compter les vieux pétroliers qui partent sur les plages du Pakistan, accompagner la ronde des navires qui partent très loin en finir. Suivre pas à pas le Probo Koala.