Démantèlement précipité et dominical de l’incinérateur de Saint-Laurent-du-Pont
Exploité entre juillet 1981 et juillet 2000, l’incinérateur de Saint-Laurent-du-Pont est en cours de démolition depuis dimanche 8 juin. L’installation aurait été revendue à un entrepreneur local pour une somme modique. La démolition se fait sans précautions particulières pour les intervenants et sans l’élaboration préalable d’un protocole de démantèlement.
Pourtant, un diagnostic en date du 5 juin 2001, révèle la présence d’amiante sous des formes diverses nécessitant l’emploi de combinaisons, de protections individuelles et d’appareillages dédiés. Tous les déchets liés à l’amiante doivent être évacués en Centre d’Enfouissement Technique (CET) de classe 1.
Les bâtiments, les conduites, les parois, le four et ses accès, l’ensemble du bâtiment, jusqu’à la cheminée, sont imprégnées par des cendres chargées de polluants (métaux lourds, dioxines…) et autres imbrûlés toxiques.
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Rattrapés par les ronces, colonisés par d’autres métiers des déchets, les incinérateurs d’ordures d’une capacité de moins de 6 tonnes/heure se terrent. Le tonnage global des déchets incinérés par ces installations en région Rhône-Alpes est évalué à environ 5 millions de tonnes. Ouverts entre 1967 et 1990 et fermés entre 1982 et 2002, ils sont des sites potentiellement pollués. Lors de leur conception, il n’y avait pas de distinction entre les déchets ménagers, les déchets industriels banals, les déchets agricoles et de garages, et les déchets d’activités sanitaires. Les contrôles à l’entrée des sites étaient inexistants et en sortie des cheminées se cantonnaient à des paramètres simplistes conformes à la réglementation de l’époque et terriblement insuffisants au regard de la protection des riverains et de l’environnement.
Arsenic et vieilles poubelles
Tranquillement, Gaumont Cinéma continue la construction d’un complexe multisalles dans la banlieue du Havre, sur un terrain marécageux et inondable exhaussé avec des mâchefers, des cendres, des bidons, des plastiques, du lisier, des boues toxiques. Les mâchefers et les cendres relarguent dans un sous-sol détrempé l’arsenic et les dioxines de l’incinérateur de la ville du Havre. L’incinérateur d’ordures ménagères et de déchets industriels banals du Havre n’est pas un modèle du genre. Les 8.000 tonnes de mâchefers incriminés ont été amenés en 1988 et c’est seulement en 1996 que l’UIOM du Havre a été équipée d’un séparateur de mâchefers d’une part et des cendres et résidus d’épuration d’autre part. Les cendres et REFIOM contiennent des dioxines. Il reste en France 4 incinérateurs de ce type et leurs déchets sont tous envoyés dans des centres de stockage spécialisés.
Gaumont cinéma, une société sans complexe
La société Gaumont, dépositaire d’un permis de construire litigieux accordé par les mairies d’Harfleur et de Montivilliers dans la banlieue du Havre entend construire un complexe multisalles d’une capacité de 2300 places sur une parcelle de 2 hectares attenant à une zone commerciale.
En bordure d’une rivière, la Lézarde, qui se jette dans le canal de Tancarville et l’embouchure de la Seine, ces parcelles naturellement inondables et considérées comme inconstructibles par les Plans d’Occupation des Sols ont été exhaussées par des remblais divers à partir de 1988. Parmi ces remblais sont aujourd’hui clairement identifiés par les riverains, les mouvements de protection de l’environnement et la sous-préfecture du Havre, plusieurs milliers de tonnes de mâchefers et un cordon de boues toxiques extraites des fonds de la Lézarde.
Fast Food et Mâchefers
Depuis ce matin, les travaux préliminaires à la construction d’un restaurant fast food et d’un complexe cinématographique ont débuté sur les terrains attenants à la zone commerciale de la Lézarde à Harfleur. Depuis décembre 1996, des riverains et l’association Robin des Bois ont alerté les pouvoirs publics sur la mauvaise qualité géologique du terrain concerné qui pendant un nombre d’années indéterminées a servi de déposante à des entrepreneurs et industriels de la région. Le communiqué de Robin des Bois en date du 26 décembre 1996 indiquait que “des strates de déchets divers y ont été déposés au fil des années”. Des témoignages convergents ont en particulier attesté du déversement de mâchefers et cendres sous-produits par l’incinérateur d’ordures ménagères du Havre. L’incinérateur du Havre n’étant pas à cette époque équipé d’un système de séparation des mâchefers et des cendres et autres résidus d’épuration de fumées, il est certain que ces déchets d’incinérateur sont particulièrement toxiques et contiennent un taux anormal de dioxines.