Marée noire en Loire
Objet: Pollution en Loire depuis le poste à quai de Donge
Encore une erreur de livraison. Tuyaux percés, canalisations trouées, jauges défectueuses, erreurs d’inattention, sont parmi les causes les plus courantes de déversements accidentels d’hydrocarbures dans le milieu naturel et dans le bassin de la Loire (cf dossier sous pdf “Atlas des marées noires dans les eaux intérieures“)
Déjà fin mai 2007, un accident similaire s’est produit au même endroit et pour les mêmes raisons. Il s’agissait alors d’eau de rinçage des cuves d’un des navires en poste au port pétrolier. De plus, le 4 janvier 2006 au niveau de l’appontement n°3 de la raffinerie de Donges, la collision entre le Sigmagas et le Happy Bride a rejeté directement dans la Loire environ 50 m3 de fuel lourd.
Les secrets de famille de l’Amoco Cadiz
La mi-mars est maudite pour l’extrême ouest de l’Europe. Le 16 mars 1967, le Torrey Canyon s’échouait sur le récif des Seven Stones dans le Land’s End anglais et le 10 avril la marée noire atteignait le Cotentin et surtout le Finistère. Dans la nuit du 18 mars 1978, l’Amoco Cadiz s’échouait sur la Bretagne.
Les naufrages du Tanio, du Boehlen, de l’Olympic Bravery, l’avarie de l’Amazzone (liste non exhaustive) complètent la série noire. Ces catastrophes maritimes ont généré environ 300.000 tonnes de déchets liquides ou pâteux souillés aux hydrocarbures. La plupart de ces déchets -hors les exportations vers l’estuaire de la Seine, Saint-Nazaire, la Rochelle, la région parisienne, et peut-être Marseille- sont restés sur place et décorent le Finistère et les Côtes d’Armor d’un ruban noir soigneusement dissimulé. (Suite du communiqué après la carte)
La France dilapide le patrimoine maritime
A la suite d’un deuxième appel d’offres international – le premier avait été suspendu à la demande de Robin des Bois (*) – la France a vendu à un chantier naval des Bahamas son dock flottant de 310 m de long et 54 m de large, capable d’accueillir pour réparation ou maintenance des navires de commerce de grande taille.
La France dilapide le patrimoine maritime
A la suite d’un deuxième appel d’offres international – le premier avait été suspendu à la demande de Robin des Bois (*) – la France a vendu à un chantier naval des Bahamas son dock flottant de 310 m de long et 54 m de large, capable d’accueillir pour réparation ou maintenance des navires de commerce de grande taille.
Aujourd’hui, quand dans la façade atlantique un grand navire de commerce est accidenté dans ses parties immergées ou que l’inspection de l’Etat du port y décèle des défauts de structure, les réparations ou leurs tentatives ont lieu à flot et à quai. L’exemple du Domiat en mai 2006 est là pour le prouver (cf photo droite). Ce vétuste vraquier battant alors pavillon égyptien a subi des réparations incomplètes dans le port de Rouen alors que l’inspection de sécurité du port souhaitait qu’il soit entièrement mis à sec dans le dock flottant du Havre. Or, faute d’entretien de la part de son propriétaire le Port Autonome du Havre et faute d’exploitant, le dock flottant n’était pas disponible.
Pneus usagés : un accord historique
Dans le cadre d’un accord volontaire qui sera signé aujourd’hui sous l’égide du Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durables et avec la participation de Madame Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de l’écologie, les stockages historiques de pneus usés (cf . cartographie ci-dessous) vont faire l’objet d’une résorption progressive entre 2008 et 2016 au plus tard. Cet accord est l’aboutissement d’un travail régulier de plusieurs années entre la Direction de la Prévention des Pollutions et des Risques du Ministère de l’Ecologie, les manufacturiers de pneumatiques, les distributeurs, les professionnels du déchet et la société civile représentée par Robin des Bois.
Illusion d’optique dans l’estuaire de la Gironde
La plate-forme de regroupement et de traitement des déchets de pièces métalliques prévue par le groupe Veolia à Bassens près de Bordeaux autorise le traitement de 20.000 t / an en provenance du démantèlement des navires. Cette capacité n’est pas significative comparée à l’échelle du marché mondial (1,7 million de tonnes de métaux, Cf. les bulletins « A la casse.com » et le « Bilan mondial 2007 des navires partis à la démolition »). C’est une humble contribution par rapport aux perspectives européennes, qui permettra cependant au port autonome de Bordeaux de se débarrasser de quelques casseroles flottantes comme le Tatihou et le Medocain (cf. les communiqués de Robin des Bois « Une poubelle pour Bordeaux », 1er juin 2004 et « Affaires Maritimes ou business », 30 mai 2005). Des bateaux de pêche et des navires de servitude pourraient aussi bénéficier en fin de vie de cette emprise. Mais le traitement des grosses unités comme le Clemenceau (26.000 t) dépasse les capacités administratives de la nouvelle installation.
Bilan mondial 2007 des navires partis à la démolition
Pour la 2ème année consécutive, l’association Robin des Bois a étudié en détail la réalité du marché. La mobilisation et l’analyse d’une trentaine de sources bibliographiques diverses et spécialisées ont permis d’établir un inventaire des navires voués à la démolition en 2007. En 2006, Robin des Bois avait comptabilisé 293 navires vendus pour la démolition. En 2007, nous en avons comptabilisé 288. Si cette baisse en nombre de navires démolis est légère (-2%), elle est plus sensible en ce qui concerne le poids total des métaux recyclés : 1,7 million de tonnes en 2007 contre 1,9 million en 2006 (-10%). La situation diffère cependant selon la catégorie de navires considérée : le nombre de tankers (pétroliers, chimiquiers, transporteurs de gaz) démantelés en 2007 a augmenté de près de 30 % comparé à 2006, alors que celui des vraquiers et autres transporteurs de marchandises a diminué de près de 40 % ; l’âge moyen des pétroliers partis à la casse est de 29 ans, l’âge moyen de l’ensemble des navires de 31 ans, l’âge moyen des vraquiers de 34 ans.
Bulletin « A la Casse » n° 11
Bulletin d’information sur la démolition des navires du 5 octobre au 31 décembre 2007
Du 5 octobre au 31 décembre 2007, 60 navires sont sortis de flotte pour être démantelés. Le Bangladesh n’a reçu que des navires négociés avant la formation d’un cartel des industriels de la démolition et la décision à l’automne de bloquer tout achat pour obtenir une baisse des prix ; il n’est revenu sur le marché qu’en toute fin d’année. L’Inde a donc reçu le gros du contingent destiné à la casse, 39 navires (65%) devant le Bangladesh, 10 navires (17 %) et le Pakistan, 9 navires (15 %) ; 2 navires destinés initialement au Pakistan ont finalement été envoyés en Inde.
Bassin Adour-Garonne : 63 marées noires – 2008
Le Bassin Adour Garonne est-il plus que les autres affecté par un manque de couverture radar. En Haute-Garonne, les lanceurs d’alerte et les vigies de presse sont-ils insensibles aux pollutions par hydrocarbures ou bien la Haute-Garonne est-elle un département de pointe dans la prévention des déversements ?
63 pollutions ont été dénombrées dans le bassin Adour-Garonne réparti entre 6 régions et 25 départements entre janvier 2004 et décembre 2007 grâce à la compilation et à l’analyse de la presse régionale. Le cumul des déversements annoncés comme supérieurs à 100 litres est de 131 tonnes. Le plus important des évènements est l’effondrement du socle d’un bac de stockage de pétrole brut de la Société des Pétroles du Bec d’Ambès. Il est d’autant plus important qu’il est inexpliqué. Il met en lumière les risques de pollution par hydrocarbures dans un estuaire : sous l’action des marées et des renverses, le pétrole a souillé les rives de la Garonne, de la Gironde et même de la Dordogne. La centrale nucléaire de Blaye a dû se mettre en situation défensive face aux risques de colmatage de son système de pompage d’eau de refroidissement.
Bassin Loire-Bretagne : 167 marées noires – 2008
Entre janvier 2004 et décembre 2007, Robin des Bois grâce à la compilation et à l’analyse des articles de la presse régionale a relevé 167 épandages accidentels d’hydrocarbures dans le bassin Loire-Bretagne. Le cumul des déversements annoncés comme supérieurs à 100 litres est de 136 tonnes. Pour un dégazage en mer et un panache de 11 km correspondant au rejet de 1 à 3 t d’hydrocarbures purs le voiturier portugais Arroyo Frios a été condamné à 200.000 € d’amende par le tribunal correctionnel de Brest, jugement confirmé par la Cour de Cassation en janvier 2007. Une pollution analogue dans les eaux intérieures n’est pratiquement jamais sanctionnée. La tendance est à la banalisation : « il faudra plusieurs semaines et de la pluie pour ne plus voir d’irisations sur le ruisseau », « Les barrages de paille mis en place sont brûlés par les pompiers », « Libellules, salamandres et grenouilles sont décimées », « En mai 2006, ma voisine a dû changer ses chevaux de prairie car leurs sabots étaient tout noirs ». Quels sont les effets de ces rafales de pollutions sur les aloses, les saumons, les végétations planctoniques, l’aquaculture dans la Loire et ses affluents et la conchyliculture dans l’estuaire ?