L’Age du Faire radioactif
L’explosion survenue chez Ecomet près de la centrale nucléaire de Sosnovy-Bor en Russie éclaire une fois de plus les dangers de la 2ème fusion des métaux contaminés par la radioactivité, et la diversité des pratiques et réglementations en vigueur dans ce domaine très spécial du recyclage. Des informations très intéressantes sur Ecomet sont rassemblées dès 1999 dans le numéro 33 de la Flèche, journal de Robin des Bois (cliquez ici pour accéder à l’article). Elles proviennent des déclarations orales et écrites des représentants d’Ecomet au cours de plusieurs colloques internationaux dont celui organisé par la Société Française d’Energie Nucléaire en mars 1998 à Avignon. Plusieurs experts des autorités de tutelle de l’énergie nucléaire en France, au Japon, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) et de la Communauté Européenne ont participé à l’organisation et aux débats de ce colloque. Le discours d’Ecomet n’a pas provoqué chez eux d’émotions ou de questions particulières.
Les dragages rhodiaactifs
A l’occasion des dragages en cours dans la baie de La Rochelle et de l’immersion des boues de dragages sur le site de dépôt sous-marin du Lavardin utilisé depuis 1968, il est constaté que le paramètre radioactif n’est pas pris en compte; les études entreprises autour des années 1990 en vue de définir l’empreinte de l’usine de traitement des terres rares aujourd’hui exploitée par Rhodia sont abandonnées malgré les recommandations unanimes des experts. Amorties par des interprétations optimistes et politiquement correctes, elles témoignaient d’un marquage significatif des sédiments de la baie et des moules, y compris au pied de la tour Richelieu dans le chenal d’accès au port de La Rochelle (66 Bq / kg de matière sèche pour le radium 228 selon l’Institut de Physique Nucléaire de Lyon). D’après le laboratoire du CEA dont les résultats sont moins pénalisants que ceux de l’IPNL, les teneurs en thorium sont 70 à 130 fois supérieures aux teneurs naturelles moyennes des sédiments marins littoraux jusqu’à 100 m de l’émissaire du rejet en baie de La Rochelle et de 8 à 20 fois supérieures jusqu’à 500 m.
L’activité des sédiments marins côtiers en Bretagne est de l’ordre de 30 Bq / kg pour le thorium 232. Le substrat géologique est granitique. Bien que le substrat géologique en Charente-Maritime soit calcaire et non éruptif, les sédiments de l’Anse de l’Aiguillon à 15 km au nord de La Rochelle et de Fouras à 18 km au sud ont au moins la même teneur en thorium que les sédiments bretons.
La colline des déchets radioactifs
Cuisiné par l’agence de publicité TBWA, section accompagnement des projets sensibles, un débat public sur les déchets radioactifs va s’ouvrir le 12 septembre et se clore en janvier 2006. Robin des Bois n’a pas considéré comme une priorité de s’associer aux nombreuses simulations qui ont eu lieu au printemps dans les ministères.
L’objectif semble bien d’amener le public français et ses leaders d’opinion sur les traces de Messieurs les députés Bataille (à gauche) et Birraux (à droite) qui tiennent l’affiche depuis 1990 et dont les dernières apparitions et auditions publiques datent de janvier et février 2005.
Malaise anti-nucléaire
L’association française Robin des Bois dénonce les propos irresponsables de l’association allemande Robin Wood (1) selon lesquels il est légitime de poursuivre les manifestations contre le retour au bercail des déchets radioactifs issus du retraitement des combustibles irradiés allemands.
Les producteurs d’électricité et le gouvernement allemand ont signé avec la Cogéma et le gouvernement français des contrats portant sur le retraitement des combustibles irradiés dans les réacteurs allemands. Ces contrats prévoient le retour dans le pays d’origine des déchets issus du retraitement. La loi française relative à la gestion des déchets radioactifs en date du 30 décembre 1991 est venue conforter les dispositions contractuelles intergouvernementales. Des combustibles irradiés allemands continuent à arriver régulièrement à l’usine de la Hague, sans entraves.
Les 2 bateaux sont-ils vides de plutonium ?
Compte tenu que les 140 kg de plutonium 239 sont la propriété des États-Unis, il est logique qu’une stratégie particulière de transport ait été choisie et imposée par le gouvernement américain.
L’industrie nucléaire internationale use régulièrement de techniques apparentées au leurre dans le cas de colis isolés susceptibles de cristalliser des attaques ou des désordres .
C’est pourquoi l’escale inattendue le 26 août à l’aéroport de Cherbourg d’un Antonov 124 attire notre attention. L’Antonov 124, de construction russe, est régulièrement utilisé par les autorités ou industriels français et américains pour le transport de colis spéciaux, spatiaux ou rattachés à des industries sensibles.
Un Antonov 124 a exporté d’Irak sous la tutelle des Nations-Unies et de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) entre 1991 et 1994 les matières sensibles et dangereuses issues du désarmement nucléaire, dont l’uranium enrichi, le plutonium, les combustibles irradiés de 2 réacteurs de recherches. Contrairement aux idées reçues, l’AIEA autorise le transport aérien de plutonium 239.
Un amour plutonique
Sujet : transport terrestre et maritime de plutonium militaire depuis les Etats-Unis jusqu’en France et retour.
En ce moment et en général, les États-Unis et la France se détestent, excepté pour le trafic de Vache qui Rit, et ne ratent pas l’occasion de le faire savoir. Il y a un domaine cependant, où malgré la dégradation de leurs rapports physiques, les deux pays se vouent un intérêt, une attention et une attirance mutuelle et constante depuis 1941, c’est celui du plutonium.
Où sont-ils? Ils sont à l’Ouest
Objet: bateaux plutonium
Selon sa présidente, Areva pourrait postuler au Prix Nobel de la Paix, et la Transat en double du plutonium serait la plus grande mission humanitaire jamais entreprise par l’Homme depuis le mythique et mythomane programme des années 50 “Atom for Peace” qui consistait quelques années après Hiroshima et Nagasaki à “transformer les épées en charrues.”
La vérité, c’est que les Etats-Unis font retraiter dans un pays tiers du vieux plutonium pollué à l’americium et au gallium dans une vieille usine française théoriquement fermée, et en cours de balayage et d’assainissement final, non sans risques.
Une centrale nucléaire au Havre
A l’initiative d’un député local (“j’ai eu cette excellente idée et j’en ai parlé à Mr Rufenacht qui en a parlé à Mme Alliot-Marie qui a trouvé effectivement cette idée excellente et a donné tout de suite son accord de principe…”) la centrale nucléaire Charles-de-Gaulle d’une puissance approximative de 300 mégawatts (la puissance exacte est classée secret-défense) fera escale pendant 4 jours au Havre les 14, 15, 16 et 17 juin. A une ou deux encablures (une encablure = 200m ) de la ville, d’un stockage stratégique de 5 millions de tonnes d’hydrocarbures soumis à la directive Seveso portant sur les risques technologiques majeurs; c’est une première que de voir, avec tous ces tambours, toutes ces trompettes, tous ces flonflons, une centrale nucléaire flottante ancrée au coeur d’une ville, d’un port, et d’un trafic maritime dense. Le Charles-de-Gaulle, porte-avions à propulsion nucléaire, introduit un danger nouveau et supplémentaire au Havre, ville et zone industrielle où la prévention et la maîtrise des risques relèvent des jeux de casino et du poker menteur.
Cherbourg : le tabou radioactif
Les boues de l’avant-port de Cherbourg sont aussi radioactives. C’est à croire que la Direction Départementale de l’Equipement de la Manche n’a jamais entendu parler des réacteurs nucléaires de Flamanville, de la Cogema dans la presqu’île de La Hague, de l’arsenal de Cherbourg, site de construction et de désarmement des sous-marins nucléaires.
Si elle avait eu connaissance de ces sources, la DDE, maître d’oeuvre du dragage de l’avant-port de Cherbourg, bassin semi-confiné jamais dragué depuis 30 ans et réceptacle stagnant des rejets en transit des industries locales spécialisées dans le nucléaire aurait pris en compte la radioactivité.
La DDE a le culte du secret. Encore plus que la Marine Nationale qui en 1993 dans le cadre du dragage de ses bassins avait délivré quelques informations vagues sur la présence d’une radioactivité artificielle, hors retombées atmosphériques, dans les boues de dragage.
Brouillard sur la Hague
Institué en 1997, le Groupe Radioécologie Nord-Cotentin (GRNC) est en panne, faute de financements et de prise en considération.Sa fonction initiale était d’explorer les corrélations entre les excès de leucémies entre 1978 et 1996 rapportés dans le canton de la Hague et les effluents radioactifs et chimiques des installations nucléaires locales.
“On a de plus en plus de tutelles et de moins en moins d’argent” disent les experts.Sans doute mais ce n’est pas de la faute des associations, ni des riverains.