Après l’étalement urbain, voici l’étalement marin

17 janv. 2013

L’offshore est la solution pratique pour réduire l’impact et l’emprise des activités humaines sur le littoral. La mer côtière est en voie de colonisation et de privatisation. L’appropriation en est facile ; il n’y a pas de populations indigènes, seulement des organismes aquatiques peu experts en matière de pétitions et de contentieux juridiques. La tendance est à mettre en mer ce qui embête à terre. Les Energies Marines Renouvelables à quelques kilomètres de la côte s’inscrivent dans cette tendance. Elles sont le cheval de Troie d’autres installations et d’autres emprises.

Les promoteurs d’éoliennes offshore et d’hydroliennes sont experts en communication et en sémantique. Ils se présentent comme de paisibles rentiers du vent et des courants. Ils construisent des « fermes » éoliennes et hydroliennes. En vérité, ce sont des usines. Les syndicats d’énergies renouvelables, Areva, EDF, utilisent les mêmes méthodes de communication et de persuasion que pour le nucléaire : concertations restreintes, informations cloisonnées, voyages d’étude et petites promesses particulières, travaux préliminaires, bluff technologique, marginalisation des opposants.

Les éoliennes offshore exposent la sécurité maritime, les oiseaux, les mammifères marins et les ressources halieutiques à des risques multiples et simultanés, avant la construction (dépollution pyrotechnique), pendant la construction, pendant l’exploitation et en post-exploitation. Les bruits peuvent provoquer des lésions des systèmes auditifs et font fuir les mammifères marins et les poissons. Les pales et les lumières tuent des oiseaux ou des chauve-souris. Avec la construction et le redoublement des parcs éoliens offshore de grande dimension, les effets cumulatifs et transfrontaliers sur la faune marine et aviaire sont redoutés. Les contraintes et les garanties financières de démantèlement restent floues.

Les hydroliennes ont une réputation de hachoir à dauphins et à poissons. Il convient de vérifier si elle est justifiée. Pour ce qui concerne le démantèlement, ça s’avère d’ores et déjà corsé. Depuis la mi-septembre 2012, l’hydrolienne d’EDF à destination du site de Paimpol-Bréhat est enlisée dans la rade de Brest. La turbine y a été accidentellement immergée à la suite de la défaillance d’un treuil de la barge support. L’hydrolienne de 850 tonnes gît toujours dans la vase malgré les efforts d’EDF et de ses sous-traitants.

Robin des Bois souhaite un bilan global du fait et du faisable dans ces filières et un renforcement de leur régime juridique dès le stade expérimental. L’examen objectif des coûts économiques et environnementaux, des risques et des bénéfices est aussi nécessaire.

 

Ce communiqué est diffusé à l’occasion de la séance d’installation du Conseil National de la Mer et des Littoraux du 18 janvier 2013. Ce conseil, dont Robin des Bois est membre, est chargé d’assurer le suivi du Grenelle de la Mer, de veiller à la cohérence des politiques maritimes et de participer aux travaux de prospective et d’évaluation dans les domaines intéressant la mer.

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