Les veaux-rien de l’Union Européenne

2 mars 2021

Mise à jour le 4 mars 2021

Depuis la fin d’après-midi du 2 mars, l’Elbeik allait et venait au large de la côte sud de la Crête. Au matin de ce jeudi 4 mars, il a repris sa route. La destination Carthagène est annulée ou différée. L’Elbeik se dirige maintenant vers le Pirée (Grèce). Arrivée prévue demain, 5 mars.

 

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La bétaillère maritime Elbeik, pavillon Togo, est en route pour l’Espagne. Elle devrait arriver à Carthagène le 8 mars. Elle est aujourd’hui au large de la Crête. Elle avait quitté Tarragone, l’autre port espagnol spécialisé dans le trafic de bétail, à la mi décembre 2020 avec à son bord 1776 veaux à destination de Derince en Turquie. A cause de suspicions de fièvre catarrhale (ou maladie de la langue bleue), son accès au port a été interdit par les autorités vétérinaires turques. L’Elbeik a tenté de décharger ses “marchandises” en Libye. Il est resté au mouillage en face de Tripoli du 8 au 25 janvier 2021. Il a quitté les eaux libyennes et a stationné au large de l’île italienne de Lampedusa pendant deux jours avant de faire cap à l’est et de rejoindre l’Égypte. Après avoir touché Alexandrie début février puis fait des ronds au large, l’Elbeik s’est dirigé sur Chypre. Il a mouillé au large de Famagouste à partir de la mi février. Il aurait chargé à cette occasion du fourrage pour les animaux. L’Elbeik a quitté les eaux cypriotes fin février.

Il avait 1776 veaux au départ, combien y aura-t-il de survivants à l’arrivée au terme d’une errance maritime de 81 jours ?

Le périple de l’Elbeik en Méditerranée, décembre 2020-mars 2021

 

Elbeik, 10 janvier 2020, Koper (Slovénie). © Marjan Stropnik

 

Elbeik (ex-Delta 1, ex-Aljaghbeir I, ex-Al Mahmoud 4, ex-Abdulrazak, ex-Jihad II, ex-Tyro). OMI 6718427. Ex cargo polyvalent converti en bétaillère en 1994 à l’âge de 27 ans. Construit en 1967 à Krimpen a/d Ijssel (Pays-Bas) par Van der Giessen-de Noord. 54 ans.
9 détentions: en 2003 à Constantza (Roumanie), en 2006 à Midia (Roumanie) et Port Saïd (Egypte), en 2013 à Braila (Roumanie) et de nouveau à Midia, en 2015 de nouveau à Midia et Constantza, en 2017 à Alexandrie (Égypte) et en 2020 à Koper (Slovénie). Banni des ports européens en mars 2015 pour une période de 3 mois.

 

La maladie de la langue bleue a imposé le même calvaire aux 895 veaux du Karim Allah et à son équipage. Le débarquement des bovins avait été refusé pour des raisons sanitaires en Turquie puis en Libye. La Tunisie avait ensuite refusé l’accès du navire et de ses “marchandises ” à ses eaux territoriales. Après un mois de maraude au large de la Sicile et de la Sardaigne, le Karim Allah est revenu à Carthagène, son port de départ. Il est à quai depuis hier après avoir subi une quarantaine de 8 jours en zone d’attente. Son capitaine déclare que “plusieurs” taurillons sont morts à bord pendant le périple. Ils ont été découpés et jetés à la mer. Les survivants sont dans un état famélique. Les vétérinaires espagnols au lieu de parler à leur sujet d’abattage immédiat parlent plutôt d’euthanasie.

Les autorités espagnoles ont pris un risque en exportant du bétail courant décembre 2020 en Méditerranée orientale. Des foyers de maladie de la langue bleue étaient identifiés depuis un certain temps en Espagne et dans cette période de tension et d’incertitude sanitaire mondiale, il était prévisible que les pays d’importation soient vigilants sur la santé des animaux et les risques de contagion.

Malgré leur vétusté, l’Elbeik et le Karim Allah bénéficient d’un agrément spécial de l’Union Européenne pour le trafic de bétail.

 

Voir aussi au sujet du transport maritime de bétail :
Sète, le port qui ne pense pas bête“, 26 novembre 2018
Midia, Roumanie. Noyade de plus de 14.000 moutons“, 29 novembre 2019
42 marins et 5867 vaches périssent en mer“, 4 septembre 2020

 

 

 

 

 

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