14h00 – communiqué n°5
Du 14 décembre 2020 à 16h, alors qu’il était au large du Sahara occidental, jusqu’à hier à 22h, le navire atomique Sevmorput a suivi une trajectoire atypique suggérant des difficultés et atermoiements à bord. Hier, de 20h28 à 20h41, un hélicoptère de la société de sauvetage en mer Salvamento Maritimo a fait un vol stationnaire au dessus du navire. Le commandant du Sevmorput qui présenterait les symptômes d’une méningite aurait été évacué vers l’hôpital de Las Palmas. Il y avait jusqu’alors 98 membres d’équipage et techniciens à bord du navire. Après cette évacuation, le Sevmorput a repris une route linéaire vers le continent européen. Aux problèmes techniques s’ajoutent maintenant des problèmes sanitaires.
Hier en début d’après-midi, Robin des Bois a envoyé un courrier d’alerte à la Commissaire aux Transports de l’Union européenne, aux préfets maritimes de l’Atlantique, de la Manche et de la mer du Nord, au Secrétaire Général de la Mer, aux Ministres de la Mer et de la Transition écologique et à l’Agence européenne pour la sécurité maritime. Ce courrier souligne entre autres « qu’avant de tenter de rejoindre l’Antarctique, le Sevmorput est entré en chantier naval pour des réparations et des rénovations diverses notamment le remplacement de l’hélice et de l’arbre d’hélice. Le fait que dans des circonstances inexpliquées, une pale ait été perdue autorise à penser que l’hélice neuve est victime d’un vice caché et que la perte d’une ou des autres pales restantes après l’intervention devant l’Angola des plongeurs russes doit être raisonnablement redoutée et anticipée ».
A cette heure, seule la Commission Européenne nous a répondu : « Nous sommes conscients de la situation et nous surveillons étroitement le navire avec l’aide et en s’appuyant sur les systèmes de l’Agence européenne pour la sécurité maritime qui, comme vous le savez, offrent une excellente compréhension de la situation. »
Il devient urgent, après les déficiences d’un équipement vital pour la sécurité du navire et l’absence probable de son commandant, d’organiser le plus vite possible en coopération avec Rosatom, l’armateur russe, un convoi exceptionnel de remorquage du Sevmorput jusqu’à Saint-Pétersbourg. Seule cette option permettrait de prévenir les risques de dérive, d’échouage et de collision dans le Golfe de Gascogne, le détroit du Pas-de-Calais, la mer du Nord, le détroit du Skagerrak entre le Danemark, la Norvège et la Suède, le détroit du Kattegat entre le Danemark et la Suède, le détroit d’Øresund entre le Danemark et la Suède, en mer Baltique et enfin dans le Golfe de Finlande avant l’arrivée finale à Saint-Pétersbourg.
Le Sevmorput, 32 ans, est le dernier des quatre navires marchands à propulsion nucléaire en activité. Le NS Savannah mis en service par les Etats-Unis d’Amérique en 1962 dans le cadre du Programme « Atoms for Peace » a été retiré d’exploitation en 1972. Il est à quai à Baltimore. Le compartiment réacteur n’a pas été retiré. Le cargo est en attente de démantèlement. L’allemand Otto Hahn mis en service en 1968 a été reconverti avec une propulsion diesel en 1972 et démoli en Inde sous le nom de Madre en 2009. Le japonais Mutsu a été lancé en 1972. Il s’est tout de suite heurté à des problèmes techniques et à l’hostilité du public. A titre expérimental et à vide, il a parcouru 50.000 miles dans les eaux japonaises. Il a finalement été désarmé en 1992, décontaminé puis reconverti sous le nom de Mirai en navire océanographique à propulsion diesel.
Publications de Robin des Bois sur le Sevmorput :
Un navire atomique en avarie se dirige vers l’Europe, 14 décembre 2020 – communiqué n°4
Dernière minute. Le Sevmorput en avarie au large de l’Afrique, 25 novembre 2020 – communiqué n°3
Le Sevmorput en avarie au large de l’Afrique, 19 novembre 2020 – 15h30- communiqué n°2
Un cargo atomique louvoie vers l’Antarctique, 10 novembre 2020
2013- « A la Casse », Bulletin d’information et d’analyses sur les navires en fin de vie, n°31, pdf 90 pages, 6.54 Mo, cf. page 84.
2014- « A la Casse », Bulletin d’information et d’analyses sur les navires en fin de vie, n°34, pdf 56 pages, 6,4 Mo, cf. page 12.